L’Afrique durement frappée par les inondations : quand les pluies déchaînent le chaos


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Des inondations à Dakar
Des inondations à Dakar

L’Afrique, berceau de la diversité naturelle, est aujourd’hui secouée par un fléau climatique de plus en plus redoutable : les inondations. Ces dernières années, les pluies diluviennes se sont intensifiées, affectant des millions de personnes et bouleversant l’équilibre de nombreuses régions. D’ouest en est, du Sahel aux Grands Lacs, aucune zone n’est épargnée, et les populations peinent à se relever.

En 2023, plus de 7 millions de personnes ont été touchées par les inondations en Afrique subsaharienne, selon l’OCHA. Derrière ces chiffres, ce sont des vies entières détruites, des villages rayés de la carte et des économies locales plongées dans la tourmente. Et la tendance semble s’aggraver année après année. Les origines de ces catastrophes sont multiples, mais le changement climatique en est le moteur principal. Le réchauffement de la planète provoque une intensification des phénomènes extrêmes, avec des pluies plus abondantes, brutales et imprévisibles.

Les sols, souvent secs et érodés, ne peuvent absorber une telle quantité d’eau, provoquant crues soudaines et coulées de boue. Mais le climat n’est pas seul en cause. L’urbanisation rapide, souvent non planifiée, aggrave les risques. Les villes africaines se développent sans infrastructures adéquates : les zones naturelles d’écoulement sont bétonnées, les canaux d’évacuation bouchés, et des habitations sont construites en zones inondables, exposant ainsi des millions de personnes.

Un lourd tribut humain et économique

Les conséquences humaines sont dramatiques. Chaque année, des milliers de personnes perdent leur maison, leurs biens et parfois leur vie. En 2022, les inondations au Nigeria ont fait plus de 600 morts et déplacé 1,4 million de personnes. Les écoles ferment, les hôpitaux sont inaccessibles, et les services sociaux s’effondrent sous la pression. Le secteur agricole, pilier de l’économie dans de nombreux pays africains, est lui aussi sinistré. Les champs sont submergés, les récoltes perdues, les stocks détruits. Cela accentue l’insécurité alimentaire, déjà critique dans certaines régions, et fait grimper les prix des denrées, aggravant la pauvreté.

Malgré l’urgence, la gestion des inondations en Afrique reste en retard. Dans de nombreuses zones, les systèmes d’alerte sont absents ou inefficaces. Les populations ne reçoivent pas d’avertissements à temps et ne disposent pas de plans d’évacuation. L’absence de coordination entre les services complique encore les interventions. Les infrastructures de gestion des eaux sont souvent obsolètes ou inexistantes, en particulier dans les zones rurales. Le manque de financement, l’insuffisance de la planification et la faiblesse institutionnelle rendent difficile la mise en place d’une véritable politique de prévention.

Le Mali face à la répétition des catastrophes

Le Mali est un exemple marquant de cette vulnérabilité. En 2025, au moins 12 personnes ont péri à cause d’inondations accompagnées de foudre et de vents violents. Depuis le début de l’hivernage, 657 ménages (soit plus de 5 300 personnes) ont été sinistrés, selon le Comité interministériel de gestion des crises. Pour y faire face, le gouvernement malien a lancé plusieurs actions : distribution de vivres, équipement de la protection civile, et campagnes d’information multilingues. Des études hydrologiques sont aussi en cours pour définir des seuils d’alerte, avec l’installation de balises tricolores pour renforcer les alertes communautaires.

En parallèle, le Mali poursuit la surveillance des barrages de Manantali et Sélingué, avec des lâchers d’eau planifiés pour limiter les débordements. Le projet « Les mois citoyens » mobilise des brigades locales pour renforcer l’intervention rapide en cas d’urgence. Mais ces initiatives, bien que louables, restent concentrées sur des zones précises. En 2024 déjà, les inondations avaient causé 76 morts et touché plus de 259 000 personnes au Mali. Ces chiffres révèlent l’ampleur du défi. Sans une stratégie nationale bien financée et coordonnée, les réponses ponctuelles ne suffiront pas à réduire durablement les risques.

Le Sénégal aussi durement touché

Le Sénégal, à l’image de Touba, n’est pas épargné. La nuit du 2 au 3 août 2025, des pluies torrentielles ont frappé la ville sainte, inondant plusieurs quartiers. Les autorités, sur le pied de guerre, ont mobilisé des pompes et des équipes pour limiter les dégâts avant le Magal, événement religieux d’envergure. Mais la fragilité des dispositifs d’assainissement reste une faiblesse persistante. Ces inondations récurrentes montrent que même les grandes villes ne sont pas préparées. Le manque d’entretien, de planification urbaine durable et d’investissements à long terme empêche d’assurer une réponse efficace.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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