
Bien que responsable de moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique : sécheresses, inondations, insécurité alimentaire et déplacements massifs. Avec 60% de sa population active dépendante de l’agriculture, le continent est très vulnérable. Les événements climatiques extrêmes ont des impacts sur la santé, l’alimentation et la migration.
L’Afrique, bien que responsable de moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est l’un des continents les plus durement touchés par les effets du changement climatique. Sécheresses prolongées, inondations dévastatrices, insécurité alimentaire croissante et déplacements massifs de populations en sont quelques conséquences directes. L’urgence climatique en Afrique n’est plus une menace future, mais une réalité quotidienne qui affecte des millions de personnes.
Décès de plus de 100 000 personnes
L’Afrique subsaharienne est particulièrement vulnérable aux effets du réchauffement climatique en raison de sa forte dépendance à l’agriculture pluviale, de la faiblesse de ses infrastructures, et d’un accès limité aux ressources d’adaptation. Environ 60% de la population active africaine travaille dans l’agriculture, selon la Banque mondiale, un secteur qui dépend directement du climat.
Dès les années 1970, le Sahel, cette région semi-aride bordant le Sahara, a connu une série de sécheresses sévères. La plus dramatique, en 1972-1973, a causé la mort de plus de 100 000 personnes et déplacé des centaines de milliers d’autres. Depuis, la variabilité climatique s’est accentuée. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) souligne que le réchauffement en Afrique est plus rapide que la moyenne mondiale : certaines régions se réchauffent à un rythme de 0,4°C par décennie, contre une moyenne mondiale de 0,2°C.
Des événements extrêmes de plus en plus fréquents
Les catastrophes naturelles liées au climat ont fortement augmenté sur le continent. En effet, l’Afrique a enregistré 131 événements climatiques extrêmes en 2022, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), soit presque le double par rapport à 2010. Parmi les exemples les plus récents :
En 2022, la Corne de l’Afrique a connu sa pire sécheresse depuis 40 ans. Cinq saisons des pluies consécutives ont échoué, ce qui a affecté plus de 36 millions de personnes en Éthiopie, au Kenya et en Somalie.
En mars 2019, le cyclone Idai a frappé le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi, tuant plus de 1 300 personnes et provoquant des dégâts estimés à plus de 2 milliards de dollars.
En 2020, les inondations au Soudan ont affecté près de 900 000 personnes, provoquant la destruction de maisons, écoles et infrastructures vitales.
Une sécurité alimentaire menacée
Les changements climatiques perturbent gravement la production agricole. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime que la productivité des cultures de base, comme le maïs ou le mil, pourrait baisser de 20 à 30 % d’ici 2050 dans certaines régions d’Afrique si des mesures d’adaptation ne sont pas mises en œuvre. Cela menace la sécurité alimentaire de plus de 250 millions de personnes.
À Madagascar, la sécheresse de 2021 a plongé plus de 1 million de personnes dans l’insécurité alimentaire. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a évoqué une possible famine climatique, la première du genre, où les changements climatiques sont le facteur principal du désastre.
Impact sur la santé et les migrations
Les effets du changement climatique ne se limitent pas à l’environnement ou à l’agriculture. Ils ont des conséquences graves sur la santé publique : augmentation des maladies hydriques, propagation de maladies vectorielles comme le paludisme, stress thermique accru, et malnutrition.
En parallèle, les déplacements forcés augmentent. Selon l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), en 2022, plus de 7,5 millions de personnes ont été déplacées en Afrique à cause de catastrophes climatiques. Le Sahel, déjà en proie à des conflits armés, voit ses tensions exacerbées par la dégradation des terres et la raréfaction des ressources.
100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030
Malgré ces défis, les engagements financiers et politiques ne sont pas à la hauteur. Lors de la COP27 en Égypte (novembre 2022), un fonds pour les pertes et dommages a été annoncé, destiné à aider les pays les plus vulnérables, dont beaucoup en Afrique. Cependant, les contributions réelles restent limitées, et la promesse de 100 milliards de dollars par an faite en 2009 par les pays développés pour aider les pays en développement n’a toujours pas été pleinement respectée.
L’Afrique a pourtant d’immenses ressources naturelles —solaire, éolienne, hydroélectrique— et un potentiel de développement durable qui pourrait en faire un leader de la transition verte. Des initiatives comme le Great Green Wall (Grande Muraille Verte), visant à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, sont certes à saluer, reste à savoir si elles peuvent prétendre à des investissements soutenus.