Maroc en soif : l’ombre d’une catastrophe hydrique d’ici 2050


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Un situation de sécheresse
Sécheresse (illustration)

Le Maroc traverse une crise hydrique sans précédent. Selon un rapport publié par le Centre américain de mitigation de la sécheresse, en partenariat avec les Nations Unies, le pays pourrait sombrer dans une pénurie d’eau extrême à l’horizon 2050 si aucune action décisive n’est engagée. En cause : des précipitations de plus en plus rares, des températures-record, et une dépendance à des solutions coûteuses pour compenser le manque.

Six années d’aridité et des perspectives sombres

Bien que la sécheresse soit un phénomène récurrent au Maroc, sa fréquence et son intensité se sont dramatiquement accentuées depuis le début du siècle. Entre 2018 et 2024, le royaume a vécu sa plus longue période de sécheresse ininterrompue. L’année 2022, en particulier, a été la plus sèche depuis 30 ans. Et les projections climatiques sont loin d’être rassurantes : les précipitations dans les montagnes de l’Atlas pourraient baisser de 65% d’ici la fin du siècle.

Le seuil de stress hydrique est déjà franchi. Le pays ne dispose actuellement que de 645 m³ d’eau par habitant et par an, bien en dessous du seuil critique international. D’ici 2050, cette quantité pourrait chuter à 500 m³, classant le Maroc dans la catégorie des pays en pénurie d’eau extrême.

Une agriculture en détresse, une économie sous pression

Cette crise climatique touche de plein fouet le secteur agricole, qui fait vivre plus du tiers de la population active. En 2024, la production agricole a chuté de 20%, et les récoltes de blé et d’orge devraient être inférieures de 30% à la moyenne annuelle. Le bétail n’est pas épargné : le cheptel ovin a diminué de 38% depuis 2016.

Avant l’Aïd al-Adha 2023, la flambée des prix de la viande a contraint l’État à multiplier les importations de bétail et à supprimer les droits de douane pour contenir la crise. Par ailleurs, le gouvernement a prolongé son soutien aux importations de blé tendre jusqu’en 2025. Face à l’urgence, le Maroc investit massivement dans le dessalement de l’eau de mer.

Des solutions de survie à haut coût

Onze nouvelles stations devraient voir le jour d’ici 2025, en plus des 23 unités mobiles déjà en service. Cette solution, bien que prometteuse, reste énergivore et onéreuse pour un pays qui importe 90% de ses besoins énergétiques. Parallèlement, des opérations d’ensemencement des nuages ont été menées, avec des résultats modestes avec une hausse de 4% des pluies et un impact positif sur certaines cultures.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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