
Vingt ans après ses débuts dans « Nouvelle Star », Amel Bent obtient la nationalité algérienne. Entre discriminations subies et fierté retrouvée, la chanteuse de « Ma philosophie » réconcilie enfin ses deux identités. Cette officialisation pourrait ouvrir la voie à un concert historique en Algérie.
Une vidéo diffusée sur TikTok depuis le consulat d’Algérie à Nanterre émeut la diaspora algérienne : Amel Bent, l’une des chanteuses françaises les plus populaires, née d’un père algérien et d’une mère marocaine, annonçe qu’elle a officiellement obtenu la nationalité algérienne. Un moment symbolique pour celle qui a longtemps navigué entre deux identités, parfois au prix de vives polémiques.
Un passeport algérien, symbole d’un parcours assumé
Face à la caméra, la chanteuse de 40 ans, sourire radieux, confie avec émotion : « Je n’avais pas la nationalité algérienne, mais je suis Algérienne officiellement depuis quelques mois et j’en suis extrêmement fière, même si ce ne sont pas les papiers qui font l’amour, ni la fierté« . Cette démarche administrative revêt une dimension particulière pour celle qui naît le 21 juin 1985 à l’hôpital Bichat dans le 18e arrondissement de Paris, d’un père algérien et d’une mère marocaine.
Pour Amel Bent, née Amel Bent Bachir et qui a grandi dans la Cité des 4000 à La Courneuve, ce passeport algérien matérialise un lien avec le maghreb que les années de carrière n’ont jamais effacé, malgré les turbulences.
Des origines source de discrimination
Le parcours d’Amel Bent vers cette reconnaissance officielle n’a pas été sans embûches. En tant que star de la chanson française révélée par « Nouvelle Star » en 2004, elle a dû affronter un racisme persistant, particulièrement lors de son arrivée dans le jury de « The Voice » en 2020.
« Quand j’intègre le fauteuil de The Voice et que je vois les commentaires sur Twitter je me dis qu’on a encore du chemin à faire ! Tout le monde n’est pas prêt à avoir une ‘rebeu’ sur le fauteuil« , confie-t-elle dans un entretien accordé au musicien Manu Katché. Plus douloureusement encore, elle révèle : « On m’a dit : va faire The Voice à Alger« , une phrase qui illustre parfaitement le rejet qu’elle a pu subir de la part d’une frange du public français.
Ces attaques répétées l’ont même poussée à supprimer Twitter de son téléphone, tant les commentaires racistes étaient nombreux. Une réalité que connaissent malheureusement de nombreux artistes français d’origine maghrébine.
Un amour complexe pour ses deux patries
Cette obtention de la nationalité algérienne intervient après des années de questionnements identitaires qu’Amel Bent a parfois exprimés publiquement, non sans créer de polémiques. En 2014, elle avait dû clarifier d’anciennes déclarations où elle expliquait ses difficultés à assumer pleinement sa francité.
« Cette phrase a été sortie de son contexte. J’étais une gamine, on était en plein débat sur l’identité nationale », expliquait-elle alors au Parisien, ajoutant : « J’ai essayé de répondre en disant que c’était un malaise dans un pays où, à l’époque, on essayait de montrer qu’un enfant d’immigré n’était pas un vrai Français« .
Aujourd’hui, avec cette double nationalité officialisée, Amel Bent semble avoir trouvé un équilibre.
Vers un retour aux sources artistiques ?
Si Amel Bent n’a pas encore annoncé de projet de concert en Algérie, cette nouvelle citoyenneté algérienne pourrait ouvrir de nouvelles perspectives artistiques. La chanteuse, qui prépare actuellement son grand retour sur scène avec un concert à l’Accor Arena prévu en avril 2026 et le lancement de son huitième album « Minuit une » en mai 2025, pourrait envisager d’inclure l’Algérie dans ses futurs projets de tournée.

le clip tourné à Oran en Algérie célèbre la mémoire, les racines, la force des femmes qui nous précèdent, illustrant parfaitement cette quête de connections avec le pays de son père.
Dans la période actuelleou le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a fait de l’Algérie son cheval de bataille, l’obtention de ce passeport algérien par Amel Bent devient un symbole pour de nombreux Français d’origine algérienne qui naviguent entre deux cultures, deux identités, parfois au prix d’incompréhensions ou de rejets.
En assumant pleinement ses origines tout en continuant à briller sur la scène française, Amel Bent prouve qu’il est possible d’être à la fois profondément français et fier de ses racines maghrébines. Car la chanteuse parle librement de ses origines algériennes et marocaines et n’a jamais cessé de transmettre cette richesse culturelle, notamment à ses enfants, qu’elle élève « dans l’Islam qui m’a été inculqué : très modéré, avec chacun son degré de foi et de pratique« .