
Une pluie diluvienne, survenue de manière inattendue en pleine saison sèche, a provoqué samedi des inondations meurtrières à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), ainsi qu’à Brazzaville, capitale de la République du Congo, située sur la rive d’en face du fleuve Congo.
22 morts : 19 à Kinshasa et 3 à Brazzaville. C’est le bilan provisoire macabre présenté par les autorités congolaises à la suite de la pluie diluvienne qui s’est abattue sur les deux capitales les plus proches du monde, Kinshasa et Brazzaville, ce samedi. Un bilan humain alourdi par d’importants dégâts matériels.
Kinshasa dévastée par des pluies exceptionnelles
À Kinshasa, les précipitations ont frappé de plein fouet plusieurs communes, provoquant un bilan humain et matériel lourd. « Ce soir, nous avons un bilan provisoire de 19 morts : 17 dans la commune de Ngaliema (nord-ouest), deux à Lemba (centre), et plus de 500 ménages inondés dans la commune de Matete », a déclaré Thierry Kabuya, ministre provincial de l’Intérieur. Plusieurs routes ont été endommagées, des habitations se sont effondrées, et certains quartiers restent encore difficilement accessibles.
Parmi les zones les plus touchées figurent Mbanza-Lemba, où un couple est mort enseveli sous un mur effondré, et Ngaliema, où l’avenue Okapi, pourtant en réhabilitation, s’est effondrée. À Mont Ngafula, les têtes d’érosion ont progressé, détruisant de nombreuses maisons. À Kalamu, plusieurs ponts ont été emportés, perturbant gravement la circulation.
Dans les quartiers de Mbudi et Kisenso, les habitants dénoncent des causes structurelles connues mais ignorées : absence d’aménagements hydrauliques, mauvais drainage des eaux et urbanisation incontrôlée, avec des constructions sur des zones inondables.
Brazzaville également touchée
Sur la rive droite du fleuve, à Brazzaville, les intempéries ont également causé la mort de trois personnes et d’importants dégâts matériels. Dans le quartier de Massengo, au nord de la capitale, des conduites d’eau ont été mises à nu, et des ruisseaux sont sortis de leur lit. À certains endroits, les rues sont devenues impraticables : des jeunes transportent les piétons sur leur dos ou en pirogue pour franchir les zones inondées, contre une somme modique.
« Subitement, ça a été l’embuscade », raconte un habitant. À Mikalou, de nombreuses familles n’ont pas pu quitter leurs domiciles. « La nuit a été un calvaire », témoigne un homme du quartier Le Bled, surpris par la montée des eaux en pleine nuit.
Une « saison sèche femelle » liée au dérèglement climatique
Ces précipitations, inhabituelles en cette période de l’année, sont qualifiées d’« extraordinaires » par les services météorologiques. Augustin Tagisabo, chef de division au centre météorologique national de la Mettelsat, évoque une « saison sèche femelle », provoquée par des vents du nord-ouest en provenance du golfe de Guinée. Ces masses d’air humides traversent le Gabon, le Congo-Brazzaville et Kinshasa, générant des précipitations inhabituelles.
« C’est un phénomène passager, mais nous le surveillons de près. Si le flux de vent se maintient, il pourrait prolonger les pluies tout au long de la saison sèche », alerte le météorologue.