
Alors que la question de l’immigration illégale reste l’une des préoccupations majeures de la politique étrangère américaine, l’Eswatini, anciennement le royaume du Swaziland, devient un centre d’attention inattendu. En optant pour ce petit royaume d’Afrique australe pour y renvoyer des migrants africains jugés en situation irrégulière, l’administration Trump soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi l’Eswatini et non un autre pays du continent ? Voici les clés de cette décision surprenante mais calculée.
Un choix surprenant : pourquoi l’Eswatini ?
Un petit royaume au cœur d’une tempête diplomatique. L’Eswatini, nation de 1,2 million d’habitants nichée entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, se retrouve propulsé sur la scène internationale en devenant le point de chute des migrants africains renvoyés par les États-Unis. Comment cette décision apparemment surprenante s’inscrit-il dans la stratégie migratoire de Washington.
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a cherché à réduire les flux migratoires en provenance d’Afrique, notamment ceux jugés « illégaux » ou « non qualifiés ». Dans cette optique, l’administration a intensifié ses efforts pour renvoyer les migrants vers des pays tiers. L’Eswatini s’est donc vu offrir une occasion de s’associer aux États-Unis dans cette lutte, tout en obtenant certains avantages diplomatiques et économiques.
Ainsi, ce partenariat permet à l’Eswatini d’accéder à de l’aide financière et des investissements en échange de l’accueil de ces migrants. Ce soutien américain est perçu par certains observateurs comme une tentative de renforcer la position de l’Eswatini vis-à-vis de ses voisins, en particulier le royaume du Lesotho et de l’Afrique du Sud, deux pays plus importants et attractifs.
Les conditions de vie et l’impact sur la population locale
Le gouvernement de Mswati III, bien qu’il ait accepté d’accueillir ces migrants, a dû faire face à des critiques sur les conditions dans lesquelles ces derniers seraient intégrés à la société swazie. L’Eswatini est un pays très peu développé : un chômage élevé, des inégalités sociales et une grande partie de la population vivant dans la pauvreté. Accueillir un nombre supplémentaire de migrants pourrait alourdir ces problématiques et mettre à rude épreuve les ressources limitées du pays.
Pour Amnesty International : « Les accords de réadmission avec des pays tiers soulèvent des préoccupations majeures concernant le respect des droits fondamentaux des migrants et demandeurs d’asile, particulièrement lorsque ces pays manquent de ressources adéquates. »
D’autre part, les opposants au projet soulignent également la faible capacité du système éducatif et de santé du pays à faire face à une telle demande supplémentaire.
Pourtant, du côté des autorités eswatiniennes, la coopération avec Washington est perçue comme un gage de soutien économique et diplomatique. L’Eswatini, qui entretient traditionnellement des relations privilégiées avec certains pays occidentaux, voit dans ce partenariat une occasion de renforcer ses liens avec les États-Unis, tout en affirmant son indépendance sur la scène politique internationale.
Pour les États-Unis, ce choix s’inscrit dans une volonté de contrer les critiques de leur politique migratoire souvent jugée inhumaine et de donner l’impression qu’une solution est mise en place pour gérer les flux migratoires. Toutefois, la question de savoir si ce choix servira les intérêts à long terme de l’Eswatini reste ouverte. Pour l’instant les migrants sont arrivés au compte goutte, il faudra reposer ala question dans quelques mois.
Un symbole des nouvelles politiques migratoires de Trump
Ce choix reflète les nouvelles dynamiques de l’immigration mondiale sous Trump. L’Eswatini, bien que peu connue sur le plan international, devient ainsi un maillon important dans cette politique de « solution alternative« , un test pour le futur des relations migratoires entre l’Afrique et les États-Unis.
Le partenariat entre l’Eswatini et les États-Unis, bien que critiqué par certains, met en lumière les nouvelles formes de « coopération » qui se dessinent dans le contexte mondial actuel. Mais la vrai question est de savoir si elle est duplicable avec plusieurs dizaine de milliers de migrants et l’impact sur l’Eswatini d’une art mais surtout sur les migrants concernés d’autre part sera essentiel. Car comme le dit Human Rights Watch : « Transférer des responsabilités migratoires vers des pays aux capacités d’accueil limitées peut créer des conditions de vie précaires et violer le principe de non-refoulement. » La question reste donc ouverte : ce partenariat pourra-t-il répondre aux attentes de chacun, ou deviendra-t-il un poids pour ce petit royaume d’Afrique australe ?