Afrique – Etats-Unis : des migrants asiatiques et caribéens ont été envoyés en Eswatini


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Donald Trump, Président des États-Unis
Donald Trump, Président des États-Unis

L’expulsion par les États-Unis de cinq migrants asiatiques et caribéens vers l’Eswatini provoque incompréhension et indignation. En choisissant un pays sans lien direct avec les expulsés, Washington contourne les refus de rapatriement par des transferts vers des États tiers peu regardants.

Dans une décision qui suscite perplexité et indignation, l’administration Trump a annoncé, le 15 juillet 2025, avoir expulsé cinq migrants en situation irrégulière vers l’Eswatini, petit royaume enclavé d’Afrique australe. Originaires du Vietnam, du Laos, du Yémen, de Cuba et de la Jamaïque, ces hommes ont été renvoyés vers ce pays tiers, faute de pouvoir être rapatriés dans leurs pays d’origine.

Des expulsions hors du cadre classique

Selon le ministère américain de la Sécurité intérieure, les cinq migrants expulsés étaient des « criminels en situation irrégulière ». Pourtant, leurs pays respectifs ont refusé de les reprendre, poussant les autorités américaines à chercher des alternatives. L’Eswatini, anciennement Swaziland, a été choisi comme destination. Ce transfert vers un pays sans lien culturel, linguistique ou géographique avec les expulsés soulève de nombreuses interrogations sur les accords passés entre Washington et Mbabane, capitale du royaume.

Peu habitué à recevoir des migrants en provenance d’Asie ou des Caraïbes, l’Eswatini devient soudainement une destination pour les expulsés dont personne ne veut. Ce royaume dirigé par le roi Mswati III, connu pour sa gouvernance autoritaire et ses violations des droits humains, n’a pas commenté publiquement cette décision. Le choix de ce pays comme « point de chute » révèle une tendance inquiétante : les États-Unis pourraient multiplier les expulsions vers des États tiers, peu regardants sur les conditions d’accueil, tant qu’ils acceptent ces transferts.

Un précédent au Soudan du Sud

Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump procède à ce type d’expulsion controversée. Le 4 juillet, huit migrants avaient déjà été envoyés au Soudan du Sud, un pays en proie à des violences chroniques. Cette opération avait été rendue possible après une autorisation de la Cour suprême, au terme d’un bras de fer judiciaire. Le cas de l’Eswatini semble s’inscrire dans cette même logique : contourner les blocages diplomatiques et judiciaires pour expulser coûte que coûte.

Donald Trump continue de faire de la lutte contre l’immigration clandestine un pilier de son discours politique. Il évoque régulièrement une « invasion » des États-Unis par des « criminels venus de l’étranger », justifiant par là ses mesures spectaculaires. Mais en réalité, son programme d’expulsions massives a été en grande partie ralenti par les tribunaux, qui rappellent le droit des migrants à un procès équitable. Ces nouvelles méthodes, qui contournent les freins juridiques en externalisant les expulsions, semblent constituer une nouvelle phase plus opaque et inquiétante de sa politique migratoire.

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