Donald Trump relance la machine anti-immigration : une tempête politique aux conséquences mondiales


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L'ex-Président américain, Donald Trump
L'ex-Président américain, Donald Trump

Le Président Donald Trump a ressuscité l’une des mesures les plus controversées de son premier mandat : l’interdiction d’entrée sur le sol américain pour les ressortissants de 12 pays, à compter du 9 juin 2025. Officiellement, cette décision vise à protéger les États-Unis contre les menaces « terroristes », en réponse à l’attaque de Boulder (Colorado) du 1er juin, lors d’une marche de soutien aux otages israéliens à Gaza. Fait troublant : l’auteur présumé de l’attaque est Égyptien… mais l’Égypte n’est pas concernée par le ban.

Une justification contestée : l’ombre de l’Égypte

A compter du 9 juin 2025, les ressortissants de 12 pays sont frappé par l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis. Tel en a décidé le Président Donald Trump. Les pays visés par l’interdiction complète sont Afghanistan, Birmanie, Tchad, République du Congo, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan et Yémen. Sept autres sont soumis à des restrictions renforcées : Burundi, Cuba, Laos, Sierra Leone, Togo, Turkménistan et Venezuela.

Donald Trump invoque l’inefficacité administrative de ces États, les risques de dépassement de visa, ou un soutien présumé au terrorisme, comme dans le cas de l’Iran. L’événement déclencheur : un homme de 45 ans a blessé 12 personnes à Boulder avec des engins incendiaires, criant « Palestine libre ». Il était entré légalement, mais son visa avait expiré. L’administration Trump a affirmé qu’il était sur le territoire américain de manière « illégale », bien qu’il ait demandé l’asile et obtenu un permis de travail.

Le rêve brisé de milliers d’étudiants africains

Malgré cela, l’Égypte, pays d’origine de l’assaillant, n’est pas incluse dans le décret, ce qui soulève des accusations d’arbitraire et de racisme. Exemptions ciblées : Coupe du monde, Jeux olympiques et intérêts « stratégiques ». Certaines exceptions sont prévues : Les footballeurs de la Coupe du monde 2026 et les athlètes des Jeux de Los Angeles 2028 ne seront pas concernés. Les visas diplomatiques et certains visas professionnels peuvent aussi être accordés « dans l’intérêt national ».

Au-delà des interdictions, Trump a suspendu les entretiens pour les visas étudiants, une mesure qui paralyse les espoirs de milliers d’Africains, notamment du Nigeria, Ghana, Kenya et Éthiopie. Ces pays représentaient les plus fortes hausses d’inscriptions dans les universités américaines en 2023-2024. Avec cette décision, des jeunes brillants admis à Harvard, Stanford ou l’Université de Californie se retrouvent bloqués. Aucun délai de reprise des entretiens n’a été annoncé.

Les universités américaines montent au front

L’administration américaine exige désormais des étudiants internationaux qu’ils fournissent l’historique de leurs publications sur les réseaux sociaux sur les 5 dernières années. Des refus de visa pour des contenus jugés « suspects » ont déjà été signalés. Les autorités invoquent un impératif de sécurité nationale, tandis que les familles africaines parlent d’une atteinte injustifiée à la vie privée.

En réaction, les universités américaines, conscientes du manque à gagner économique et intellectuel, s’organisent. Un consortium piloté par Harvard, MIT et Stanford a déposé une plainte fédérale contre l’administration Trump, dénonçant une attaque contre la liberté académique. Les étudiants internationaux représentent 20 % des effectifs et 43 milliards de dollars de retombées économiques annuelles. L’Afrique, à elle seule, y contribue pour 2,8 milliards de dollars.

Plus de 530 000 migrants menacés

Autre front brûlant : Trump a saisi la Cour suprême pour annuler le programme humanitaire de Joe Biden, qui protège plus de 530 000 migrants (notamment haïtiens, cubains, vénézuéliens et nicaraguayens). « Nous avons construit nos vies ici. Et malgré cela, on veut nous effacer », déplore Michelle, infirmière haïtienne en Floride depuis 12 ans. Ce programme, qui permettait à ces migrants de rester légalement pendant deux ans, a été suspendu par Trump, avant qu’une juge fédérale ne bloque la décision, invoquant une violation du droit.

Lire aussi : Retrait des États-Unis de l’OMS : l’Union africaine sonne l’alarme

Haïti, en proie à l’insécurité et au chaos politique, voit des milliers de ses citoyens sous menace d’expulsion, malgré leur ancienneté sur le sol américain. Des ONG dénoncent une politique « brutale et xénophobe », ciblant spécifiquement les populations noires et latino-américaines. Trump a également gelé plus de 316 milliards FCFA (500 millions de dollars) d’aides au Sénégal, affectant des projets essentiels comme le programme Compact Electricity, censé améliorer l’accès à l’électricité.

Une bombe sanitaire en Afrique : le VIH en danger

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a réagi en appelant à une indépendance économique, citant la Chine comme modèle de résilience face à l’aide conditionnelle occidentale. La suspension de l’aide américaine frappe aussi le PEPFAR, le plan d’urgence anti-VIH lancé en 2003. Conséquence : des ruptures d’approvisionnement en médicaments dans des dizaines de pays, notamment le Nigeria, le Kenya, le Burkina Faso et Haïti.

L’OMS alerte : plus de 10 millions d’infections et 3 millions de décès supplémentaires sont à craindre si les financements ne sont pas rétablis. « Ce retrait pourrait anéantir vingt ans de progrès en matière de lutte contre le VIH », avertit Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS. L’administration Trump ne se contente pas d’interdire des entrées. Elle se retire aussi de l’OMS et réévalue les accords économiques internationaux, comme l’AGOA, qui facilite les exportations africaines.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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