
Donald Trump a saisi jeudi la Cour suprême pour tenter de révoquer le statut de plus de 530 000 migrants, notamment haïtiens, bénéficiant d’un programme humanitaire mis en place par l’administration Biden. Une décision aux lourdes conséquences pour des milliers de familles issues d’Haïti, déjà fragilisées par la crise dans leur pays d’origine.
jeudi 8 mai 2025, Donald Trump a officiellement demandé à la Cour suprême des États-Unis de lever la suspension d’un décret de son administration visant à annuler le programme humanitaire qui protège actuellement 532 000 ressortissants de quatre pays : le Venezuela, Cuba, le Nicaragua et Haïti. Instauré par Joe Biden, ce programme autorisait ces migrants à vivre légalement sur le sol américain pour une durée de deux ans, en raison de graves violations des droits humains dans leurs pays d’origine.
Mais pour Trump, cette mesure humanitaire constitue une faille migratoire. Son administration l’a donc révoquée. Seule l’intervention d’une juge fédérale de Boston, estimant que la procédure utilisée violait le droit en vigueur, a empêché leur expulsion, prévue pour le 24 avril dernier. La juge a notamment souligné que l’administration Trump avait abusivement appliqué une procédure d’expulsion accélérée destinée aux personnes entrées illégalement, à des migrants présents légalement.
Les Haïtiens, premières victimes de la bataille judiciaire
Parmi les plus de 500 000 personnes concernées, les ressortissants haïtiens paient le prix fort. Déjà fragilisés par une situation politique chaotique, une insécurité endémique et des catastrophes naturelles à répétition, ils se retrouvent à nouveau pris dans la tourmente migratoire américaine. Installés pour beaucoup depuis le séisme de 2010, ils font désormais face à une menace d’expulsion imminente.
« Nous avons construit nos vies ici. On travaille, on élève nos enfants, on paye nos impôts. Et malgré cela, on veut nous effacer », dénonce Michelle, infirmière haïtienne installée en Floride depuis 12 ans. Des associations comme Haitian Bridge Alliance dénoncent une décision « raciste, brutale et politiquement cynique ».
Une rhétorique d' »invasion » aux relents xénophobes
Derrière la procédure judiciaire, se déploie une stratégie politique agressive. L’administration Trump accuse la juge de Boston d’avoir « annulé l’une des décisions les plus importantes du gouvernement en matière d’immigration », et de s’être immiscée dans les prérogatives de l’exécutif. Le candidat républicain justifie sa démarche par la volonté de « stopper l’invasion » des États-Unis par des « criminels venus de l’étranger », reprenant une rhétorique alarmiste qui cible explicitement les populations noires et latino-américaines.
Cette communication musclée, orchestrée dans les premiers mois de son nouveau mandat suite à l’élection présidentielle de novembre 2024, entend consolider son soutien auprès d’un électorat conservateur en misant sur la peur et le rejet des migrants. L’immigration n’est plus seulement un thème de campagne pour Trump, c’est devenu son principal levier idéologique.
Face à cette offensive, les associations de défense des droits humains et de l’immigration se mobilisent. Plusieurs recours collectifs ont déjà été déposés pour protéger les bénéficiaires du programme Biden, notamment les Haïtiens. Dans les prochaines semaines, la décision de la Cour suprême, à majorité conservatrice, sera cruciale pour l’avenir de centaines de milliers de personnes.