
Rabat est en fête ce dimanche 21 décembre, mais dans la tribune d’honneur du complexe Moulay Abdellah, un fauteuil manque à l’appel. L’absence du Roi Mohammed VI à l’ouverture de « sa » Coupe d’Afrique des Nations, événement qu’il a ardemment voulu pour le Royaume, résonne comme un aveu. Si le Palais garde le silence, cette éclipse, couplée à l’omniprésence du Prince Héritier Moulay Hassan, acte une transition qui ne dit pas son nom.
C’est une image qui restera gravée dans l’histoire politique du Maroc moderne. Alors que les feux d’artifice illuminent le ciel de Rabat et que le coup d’envoi de la 35e Coupe d’Afrique des Nations est donné entre le Maroc et les Comores, le Roi Mohammed VI n’est pas là pour voir les Lions de l’Atlas affronter les Comores. Pour tout autre chef d’État, l’absence aurait pu être anecdotique. Pour le « Roi sportif », qui n’avait pas hésité à descendre dans les rues de Rabat en 2022 pour célébrer l’épopée du Mondial qatari, ce forfait à domicile est un choc.
La santé du Roi : le tabou brisé par l’absence
Aucune annonce officielle alarmiste n’a été faite par le Cabinet Royal ces derniers jours. Pas de communiqué sur une « rechute » ou une « grippe« , comme ce fut le cas par le passé. Pourtant, ce silence protocolaire peine à masquer une réalité régulièrement documentée par la presse internationale. Encore en ce début de mois de décembre, lors d’une apparition du Souverain à Dubaï, son aspect fatigué et vouté avait inquiété.
Son Altesse le Prince Moulay El Hassan salue les joueurs avant le début du match.
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— ᴍᴏᴜɴᴛᴀᴋʜᴀʙ ғᴏᴏᴛ (@MountakhabFoot) December 21, 2025
Comme le soulignent régulièrement les médias étrangers, l’état de santé du souverain, âgé de 62 ans, est un sujet de préoccupation majeure. Atteint de sarcoïdose et ayant subi plusieurs interventions cardiaques (à Paris et Rabat), Mohammed VI apparaît de plus en plus frêle lors de ses rares sorties. La presse espagnole, souvent très bien informée via ses connexions au sein de l’élite marocaine, notamment El Mundo ou El Confidencial, décrit depuis plusieurs mois un monarque « à bout de souffle« , pour qui les longues cérémonies statiques sont devenues des épreuves physiques insurmontables.
Son absence ce dimanche accrédite la thèse d’une incapacité à assurer physiquement une représentation de plusieurs heures sous les projecteurs du monde entier.
Moulay El Hassan : l’heure du grand bain
Si l’ombre du père planait sur le stade, c’est bien la lumière du fils qui a capté les regards. À 22 ans, le Prince Héritier Moulay El Hassan n’a pas seulement « remplacé » le Roi : il a incarné l’État. Costume impeccable, démarche assurée, c’est lui qui a présidé la cérémonie, salué les officiels de la CAF et donné le signal des festivités.
Cette mise en avant s’inscrit dans un processus de passation orchestré. Depuis sa majorité, le Prince est préparé à cette charge, mais la CAN 2025 marque une apparition devant le monde entier. Ce n’est plus de la formation, c’est de la régence de fait. En laissant son fils ouvrir l’événement le plus médiatisé depuis 25 ans au Maroc, Mohammed VI envoie un message clair aux chancelleries étrangères et à son propre peuple. La continuité dynastique est assurée, et le pilote, désormais, cela sera lui.
Une monarchie à deux visages
Le Maroc entre donc officiellement dans une ère de « monarchie bicéphale » médiatique. D’un côté, un Roi en retrait, qui gère les grands dossiers stratégiques depuis ses résidences privées (souvent au Nord du pays ou à l’étranger) en compagnie de ses proches, souvent décriés, et de l’autre, un Prince Héritier qui occupe le terrain, sature l’espace visuel et rassure par sa jeunesse.
L’absence du Roi à l’ouverture de la CAN restera malheureusement un rendez-vous manqué. Désormais, c’est le symbole d’une page qui se tourne, douloureusement pour ceux qui restent attachés à la figure tutélaire de Mohammed VI, mais inéluctablement, sous la pression d’une santé qui ne permet plus de tricher avec le protocole




