
À 22 ans, le prince héritier Moulay Hassan progresse dans sa préparation au trône. Loin des projecteurs, mais sous l’œil attentif des observateurs politiques, le fils aîné de Mohammed VI multiplie les signaux d’un apprentissage royal qui s’accélère, dans un contexte où la question de la succession ne relève plus du futur lointain.
Depuis plusieurs mois, une révolution silencieuse s’opère dans les couloirs du palais royal de Rabat. Le prince Moulay Hassan dispose désormais de son propre bureau au sein du cabinet royal, une installation qui, selon des sources proches du palais, lui permet de « s’accoutumer avec les arcanes du pouvoir« . Cette proximité quotidienne avec les rouages de l’État marque le passage d’un apprentissage théorique à une immersion pratique dans la gouvernance.
L’héritier du trône aurait déjà participé à plusieurs conseils des ministres, une expérience inédite qui lui offre une fenêtre privilégiée sur les mécanismes décisionnels du royaume. Cette évolution tranche avec les formations plus traditionnelles des princes héritiers, généralement cantonnés aux représentations protocolaires jusqu’à leur accession au pouvoir.
Une présence publique assumée
Parallèlement à cette formation en interne, Moulay Hassan multiplie les apparitions officielles. Qu’il s’agisse de présider des cérémonies militaires au Collège royal de l’enseignement militaire supérieur ou de représenter son père lors d’événements internationaux, le prince héritier assume désormais un rôle de substitution de plus en plus visible.
Cette montée en puissance s’accompagne d’un fort soutien institutionnel. Lors de la dernière Fête du Trône à Tétouan, les principales institutions politiques, militaires et économiques du royaume ont réitéré leur loyauté au futur souverain, consolidant ainsi sa légitimité naissante.
Un cursus universitaire stratégique
Contrairement aux traditions familiales – son père Mohammed VI et son oncle Moulay Rachid avaient étudié le droit à l’Université Mohammed V de Rabat –, le prince héritier a opté pour la Faculté de Gouvernance, Sciences Économiques et Sociales de l’Université Mohammed VI Polytechnique. Ce choix s’inscrit dans une vision moderne de la gouvernance, axée sur les politiques publiques et les enjeux géopolitiques africains.
Cette formation, qu’il poursuit actuellement, comprend 1950 heures étalées sur six semestres, avec une spécialisation en relations internationales particulièrement adaptée aux défis diplomatiques contemporains du Maroc. Le programme inclut également des possibilités d’échanges avec plus de 90 universités partenaires dans le monde, offrant au futur roi une ouverture internationale cruciale.
Les défis d’une succession anticipée
Cette accélération de la formation princière intervient dans un contexte particulier. Les absences répétées du roi Mohammed VI dont la santé est déclinante, alimentent les spéculations sur son état de santé. Les observateurs notent un effacement progressif du souverain de la scène publique, créant un vide que son fils commence naturellement à combler.
À 22 ans, Moulay Hassan a franchi le seuil de la majorité constitutionnelle, éliminant la nécessité d’un conseil de régence en cas de succession. Cette majorité légale, couplée à son apprentissage accéléré, le positionne comme un successeur potentiellement prêt à assumer ses responsabilités royales.
L’approche adoptée pour la formation du prince héritier révèle une stratégie subtile du palais royal. D’un côté, la tradition dynastique est respectée avec un apprentissage au sein même des institutions monarchiques. De l’autre, l’innovation pédagogique et l’ouverture sur le monde moderne préparent Moulay Hassan aux défis du XXIe siècle.
Cette dualité se retrouve dans sa formation multilingue – arabe, amazighe, français, anglais et espagnol – et dans sa sensibilisation aux enjeux écologiques, contrastant avec les préoccupations des générations précédentes, davantage marquées par les questions de souveraineté nationale et de modernisation infrastructurelle.
Les enjeux d’une transition maîtrisée
L’accélération de la formation royale répond également à des impératifs géopolitiques. Dans un environnement régional instable et face aux défis économiques contemporains, le Maroc ne peut se permettre une transition improvisée. La préparation méthodique de Moulay Hassan vise à garantir la continuité institutionnelle et la stabilité du royaume.
Au-delà de la simple préparation technique au pouvoir, l’apprentissage actuel de Moulay Hassan laisse entrevoir les contours d’un style de règne différent. Sa proximité supposée avec sa mère, Lalla Salma, ses apparitions plus décontractées et son refus présumé du protocole traditionnel du baisemain dessinent le portrait d’une monarchie potentiellement plus accessible.
L’accélération de la formation du prince Moulay Hassan prépare discrètement mais sûrement l’avènement d’une nouvelle ère monarchique.