
Ce vendredi 25 juillet, la Haute cour militaire de la République démocratique du Congo ouvre un procès aux allures de séisme politique : celui de Joseph Kabila.
Joseph Kabila, ancien président du pays et figure importante de la vie politique congolaise depuis plus de deux décennies, est jugé pour des accusations gravissimes : crime contre la paix, trahison, homicide intentionnel, torture, déportation et soutien à un mouvement insurrectionnel. Absent à l’ouverture du procès, il est poursuivi pour ses liens présumés avec le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, qui sème le chaos dans l’est du pays.
Des faits passibles de la peine capitale
Les charges portées contre Joseph Kabila sont parmi les plus lourdes du code pénal congolais. Selon l’acte d’accusation, l’ancien président aurait participé à un plan insurrectionnel impliquant le M23, en vue de déstabiliser le gouvernement actuel. Ce groupe rebelle occupe aujourd’hui des villes majeures comme Goma et Bukavu. Depuis la levée du moratoire sur la peine de mort en 2024, ces accusations, si elles sont reconnues fondées, pourraient théoriquement conduire à une condamnation capitale.
L’élément clé retenu par le procureur militaire est un témoignage affirmant que Joseph Kabila aurait échangé avec un haut responsable du M23. Dans cette conversation, il aurait jugé préférable de tenter un coup d’État plutôt que d’assassiner le président Félix Tshisekedi, par crainte de faire de lui un martyr. Bien qu’il se soit opposé à l’option la plus extrême, cette interaction suffirait, selon l’accusation, à démontrer sa complicité avec un mouvement considéré comme terroriste par Kinshasa.
Kabila dénonce un procès politique
Dans une rare déclaration publique, diffusée le 23 mai dernier, Joseph Kabila a vivement critiqué le régime actuel, qualifiant la justice congolaise de simple « instrument d’oppression » aux mains d’un pouvoir « dictatorial ». Il affirme que ce procès n’est qu’un stratagème politique visant à l’écarter définitivement de la scène politique. Après avoir quitté la RDC fin 2023, Kabila est récemment revenu dans l’est du pays, fief du M23, ce qui a ravivé les soupçons d’alliance ou de sympathie à leur égard.
Alors que le procès débute, les combats se poursuivent dans l’est de la RDC. Malgré la signature d’un cessez-le-feu à Doha le 19 juillet entre le gouvernement congolais et le M23, les affrontements ne cessent pas. Pas plus tard que jeudi, onze personnes ont été tuées dans des combats à Masisi. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de soutenir militairement les rebelles, accusation que Kigali dément régulièrement, même si l’ONU a évoqué un « rôle déterminant » de l’armée rwandaise dans les récentes offensives.
L’ouverture du procès de Joseph Kabila est un événement sans précédent dans l’histoire récente de la RDC. Jamais un ancien chef d’État n’avait été poursuivi pour des accusations aussi lourdes. Si certains y voient un acte de justice salutaire, d’autres dénoncent une manœuvre politique destinée à faire taire un rival de plus en plus critique du pouvoir en place. Ce procès pourrait bien redéfinir les équilibres politiques en RDC, dans un contexte où la paix reste fragile, et où les institutions doivent encore convaincre de leur indépendance.