Algérie : comment l’ex-Président Abdelaziz Bouteflika a raté sa fin politique


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L'ancien Président algérien, Abdelaziz  Bouteflika
L'ancien Président algérien, Abdelaziz Bouteflika

L’ex-président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika, vient de signer sa fin à travers un suicide politique qui ne dit pas son nom. Comment le chef de cet Etat d’Afrique du Nord en est arrivé à être enseveli politiquement ? Décryptage.

La date du 28 avril de l’An 2019 restera à jamais gravée dans la mémoire des Algériennes et des Algériens. Car elle est l’élément déclencheur du processus ayant abouti à l’éviction du tout puissant chef de l’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, de son moelleux fauteuil. Retour sur des instants qui ont décidé de l’actuel sort de celui qui fit la pluie et le beau temps dans ce pays d’Afrique du Nord.

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Alors que l’élection présidentielle en Algérie était prévue pour le 28 avril 2019, Abdelaziz Bouteflika décide d’y prendre part et ainsi briguer un cinquième mandat. Ce qui inquiétait autant l’opposition que les populations, d’autant que le Président avait jusqu’ici remporté tous les scrutins auxquels il avait pris part. Aller aux élections avec Bouteflika était synonyme de défaite. Il n’était dès lors pas question pour l’opposition de participer à cette Présidentielle, appelant à cet effet à un boycott massif. Premier signaux d’alerte que le dirigeant négligeait.

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Pour les besoins d’examens périodiques, Abdelaziz Bouteflika, qui maintenait sa position de briguer un cinquième mandat, prend l’avion pour se rendre en Suisse, et laisse les Algériens dans la tourmente. Dépité, le peuple algérien décide alors de prendre son destin en mains et envahit la rue pour manifester sa désapprobation quant au choix de Bouteflika. Et c’est avec une maturité sans faille que les Algériennes et les Algériens prennent d’assaut les rues pour tenter de barrer la route à un régime dont l’appétit du pouvoir n’était plus à démontrer.

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Malgré son état de santé fragile, Abdelaziz Bouteflika – 82 ans et affaibli par un accident vasculaire cérébral, dont il a été victime en 2013, l’ayant contraint à se déplacer en fauteuil roulant – décide alors de reporter les élections sine die, avec comme bonus la ferme intention de rester au pouvoir au-delà de la date du scrutin au préalable fixée au 28 avril 2019. Une prolongation déguisée d’un quatrième mandat, et qui ne changeait en rien la situation. Face à des Algériennes et Algériens las d’être gouvernés par le même homme, depuis 1999, le régime opte pour la ruse et décide que Bouteflika retire sa candidature.

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Une ruse qui ne passe cependant pas, car l’armée, poussée dos au mur par un peuple décidé, demande à ce que l’incapacité de Bouteflika soit prononcée. Après un silence qui aura duré quelques jours, ponctués de recherches de stratégies, avec des rencontres tous azimuts ayant impliqué le frère du Président, Saïd Bouteflika, l’ancien général de corps d’armées Toufik, le régime, sous la pression de l’armée pilotée par le général Ahmed Gaïd Salah, par ailleurs vice-ministre de la Défense, décide de quitter la pouvoir avant la date du 28 avril.

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Sentant une nouvelle stratégie du camp de Bouteflika visant à gagner du temps, l’armée accélère le processus et exige un départ immédiat du Président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir. Ce que le désormais ex-chef d’Etat fit, le 2 avril 2019. Abdelaziz Bouteflika, en voulant briguer un cinquième mandat a ainsi signé son suicide politique. Le peuple, seul artisan de ce changement majeur, réalisé sans effusion de sang et sans désordre aucun, veut toutefois plus : un changement total du système. Raison d’un nouveau vendredi de manifestation post-Bouteflika, au moment où l’armée tente de rassurer, visiblement en vain.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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