Durcissement du climat politique en Guinée à quelques heures de l’élection présidentielle


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Mamady Doumbouya, président de la Transition de Guinée
Mamady Doumbouya, président de la Transition de Guinée

À la veille de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025, le pays sombre dans un climat de peur marqué par des intimidations contre l’opposition, des disparitions forcées et des restrictions à la presse. Ces tensions jettent un voile d’incertitude sur la transparence du scrutin tant attendu après quatre ans de transition militaire.

​Compagne électorale sous haute tension

La campagne électorale, ouverte le 28 novembre 2025, s’est achevée jeudi soir dans un climat de forte contestation. Près de 6,8 millions d’électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche pour élire leur président, avec l’espoir d’un retour à l’ordre constitutionnel après plus de quatre années de transition militaire sous les autorités de Mamady Doumbouya. Plusieurs figures majeures de l’opposition ont été exclues de la course, tandis que certaines forces politiques ont appelé au boycott, laissant les huit autres candidats – pour la plupart peu connus du grand public – en lice face au principal favori, le chef de la junte.

​Depuis son arrivée au pouvoir, les autorités militaires sont accusées d’avoir sévèrement restreint les libertés publiques. Arrestations d’opposants, départs contraints à l’exil et disparitions forcées se multiplient, créant un environnement hostile à toute dissidence. Deux figures de la société civile, Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah, sont portées disparues depuis juillet 2024 après avoir été enlevées à leur domicile. Plusieurs autres cas, notamment ceux de quatre proches de l’artiste et opposant Elie Kamano disparus depuis le 16 novembre, demeurent non résolus à ce jour.

Alerte de l’ONU sur les violations des droits humains

Face à ces actes anticonstitutionnels, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a dénoncé ces pratiques ce vendredi. Selon Volker Turk, chef des droits de l’Homme de l’ONU, « le moment choisi et le caractère apparemment ciblé de ces incidents visent à intimider les figures de l’opposition et à dissuader la mobilisation des électeurs ». Ces agissements « contribuent à instaurer un climat de peur parmi les acteurs politiques et la population en général et risquent de compromettre la crédibilité du processus électoral ».

​L’agence onusienne a exhorté les autorités guinéennes à mener des enquêtes rapides et impartiales sur l’ensemble de ces allégations, à établir le sort et le lieu de détention des personnes disparues, et à veiller à ce que les responsables rendent des comptes conformément au droit international des droits humains. Surtout, l’ONU a appelé les dirigeants de la Guinée à garantir l’exercice effectif des libertés d’expression, de réunion pacifique et de participation politique, conditions sine qua non pour un scrutin transparent.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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