Centrafrique : Faustin-Archange Touadéra face au défi d’un troisième acte


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Le Président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadera
Faustin-Archange Touadera, Président de la Centrafrique

À l’approche des élections générales du 28 décembre 2025, la Centrafrique se prépare à un scrutin à forts enjeux politiques et sécuritaires. Le président sortant Faustin-Archange Touadéra brigue un troisième mandat, rendu possible par une réforme constitutionnelle controversée. Fort d’un discours centré sur le rétablissement de la sécurité et ses alliances internationales, il fait face à une opposition qui dénonce une dérive autoritaire.

La République centrafricaine retient son souffle à l’approche des élections générales prévues ce dimanche 28 décembre 2025. Au cœur de ce scrutin, le président sortant Faustin-Archange Touadéra, 68 ans, brigue un troisième mandat consécutif. Arrivé au pouvoir en 2016, ce mathématicien de formation joue sa survie politique sur un argument massue : le rétablissement de la sécurité. Mais dans un pays où les plaies de la guerre civile des années 2010 peinent à cicatriser, ce rendez-vous électoral cristallise autant d’espoirs de stabilité que de craintes de dérapages autoritaires.

Le pari sécuritaire et l’axe Moscou-Bangui

Faustin-Archange Touadéra a axé sa campagne sur un bilan sécuritaire qu’il juge positif. Face à ses partisans à Bangui, le chef de l’État a martelé que la paix revenait progressivement, des frontières jusqu’au cœur de la capitale. Cette stratégie repose largement sur une alliance diplomatique et militaire musclée avec la Russie.

En échange d’un accès privilégié aux ressources naturelles du pays, notamment l’or et le diamant, les forces russes, aux côtés de l’armée rwandaise et des Casques bleus de la Minusca, ont affaibli plusieurs groupes rebelles. Pour le Kremlin, une victoire de Touadéra assurerait la pérennité de ses intérêts stratégiques et économiques en Afrique centrale.

Une opposition vent debout contre le « mandat de trop »

Face au président sortant, six candidats tentent de bousculer les pronostics, avec en tête de file l’ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé. L’opposition dénonce une dérive monarchique, rendue possible par le référendum constitutionnel contesté de 2023 qui a fait sauter le verrou de la limitation des mandats.

Au-delà de la politique pure, les adversaires du régime pointent un bilan social désastreux. Ils accusent le pouvoir d’avoir délaissé les 5,5 millions de Centrafricains, vivant dans une économie en ruines où les infrastructures routières et administratives sont en lambeaux, malgré une prévision de croissance de 3 % avancée par le FMI.

Un scrutin sous haute surveillance et risques d’instabilité

Si le gouvernement affiche sa confiance, le spectre de la violence rode toujours. Les accords de paix signés cette année avec certains groupes armés restent fragiles, et le désarmement est loin d’être complet. Dans l’est du pays, la situation est particulièrement précaire en raison d’incursions récurrentes de combattants venus du Soudan voisin.

En 2020, l’insécurité avait empêché le vote dans 14 % des bureaux de vote du pays. Cette année, les observateurs et les analystes politiques appellent à une vigilance extrême lors du dépouillement, avertissant que toute irrégularité flagrante pourrait servir de détonateur à ceux qui cherchent à semer la panique.

Les étapes clés vers les résultats définitifs

Les Centrafricains ne votent pas seulement pour leur président, mais aussi pour renouveler leurs députés et leurs élus locaux. Les résultats provisoires de ce premier tour sont attendus pour le 5 janvier 2026. La loi électorale prévoit qu’en l’absence d’une majorité absolue (plus de 50 % des voix) pour l’un des candidats, un second tour sera organisé le 15 février pour la présidentielle.

Pour Faustin-Archange Touadéra, l’enjeu est de l’emporter dès le premier tour pour légitimer son nouveau bail au palais de la Renaissance, tandis que l’opposition espère arracher un duel final pour inverser le rapport de force.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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