2023 dans le rétroviseur : la Russie et Gaza au cœur de l’Afrique


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Haut : Netanyahou et Ramaphosa : Traoré et Poutine. Bas Goïta et Poutine : Gaza
Haut : Netanyahou et Ramaphosa : Traoré et Poutine. Bas Goïta et Poutine : Gaza

L’année 2023 aura été marquée par un assaut diplomatique russe sur le continent africain. Notamment les pays désormais dirigés par des militaires putschistes. Mais aussi par la prise de position de pays africains sur la guerre que mène l’armée israélienne dans la bande de Gaza.

En 2023, la Russie du Président Vladimir Poutine a joué la carte de la séduction. Il a même été collé à la Russie une intention d’asservir les pays du continent avec ses céréales. En effet, alors que l’Afrique se dit inquiète des répercussions de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine rassure que « la Russie poursuivra ses efforts énergiques pour assurer la distribution de céréales, de produits alimentaires, d’engrais et d’autres biens vers l’Afrique ».

La Russie offre des céréales à l’Afrique

Le dirigeant russe a, en outre, confié que « le réseau des ambassades russes et des missions commerciales en Afrique sera élargi ». Côté céréales, la promesse est tenue, puisque le 17 novembre 2023, Dmitri Patrouchev, ministre russe de l’Agriculture, annonce que « les deux premiers navires, 25 000 tonnes chacun, à destination de la Somalie et du Burkina Faso, sont déjà partis de ports russes ». Des cargaisons attendues, fin novembre, début décembre.

L’officiel russe ajoutait que « des navires pour la Centrafrique, le Zimbabwe, le Mali et l’Érythrée chargés de blé seront envoyés vers ces pays prochainement, avant la fin de l’année ». Moscou, toujours selon le ministre, allait envoyer, « gratuitement, jusqu’à 200 000 tonnes de blé russe à des pays africains d’ici au nouvel An ». Une livraison en conformité avec une promesse faite par le Président russe, à la mi-octobre.

Coopération dans le nucléaire

Par ailleurs, les relations entre la Russie et l’Afrique vont connaître un nouvel élan. Puisque c’est dans le nucléaire civil que les deux parties vont désormais coopérer. En effet, le Burkina Faso et la Russie ont signé, mi-octobre, un mémorandum d’entente pour la coopération dans le domaine de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques. Ce mémorandum comporte plusieurs volets, dont le renforcement des capacités du personnel administratif, scientifique et technique dans les différents domaines de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.

L’accord comprenait aussi la conception, la construction et l’exploitation de centrales d’énergie nucléaire. Un mémorandum en réponse à une requête faite, en juillet, par le Président du Faso. C’était à l’occasion du sommet Russie-Afrique, alors que le capitaine Ibrahim Traoré exprimait son ambition de voir installée dans son pays une centrale nucléaire pour faire face aux problèmes énergétiques. Après le Burkina Faso, la Russie a signé un accord similaire avec le Mali.

Rapprochement entre Moscou et les pays du Sahel

Auparavant, Moscou avait salué la coopération militaire avec Bamako. De passage au Mali, en février, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov avait rappelé que « l’année dernière et au début de cette année, la coopération dans les domaines militaire et militaro-technique a connu un nouveau développement. Un important lot de matériel aéronautique russe a été envoyé, grâce auquel l’armée malienne a récemment réussi à mener à bien des opérations contre les terroristes ».

Résolument, Moscou a pris l’option de poursuivre son rapprochement avec les pays sahéliens dirigés par un régime militaire. Le jeudi 28 décembre 2023, la Russie rouvre son ambassade au Burkina Faso, fermée depuis 1992. Un ambassadeur au Burkina sera prochainement nommé par le Président russe, Vladimir Poutine. Pour le moment, c’est Alexeï Saltykov, ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire qui est accrédité au Burkina Faso. La Russie s’installe inexorablement en Afrique et suscite des craintes.

La Russie, une « puissance de déstabilisation de l’Afrique »

En effet, le 23 juin, lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris, le chef de l’État français a dénoncé que les choix de Moscou ne sont pas en faveur de la communauté internationale. « La Russie s’est mise, de son propre chef, dans une situation qui est de ne plus respecter le droit international, de redevenir au fond l’une des seules puissances coloniales du 21ème siècle », a déploré Emmanuel Macron, faisant allusion à l’Ukraine.

Sur la présence russe en Afrique, Macron est formel : la Russie n’est autre qu’une « puissance de déstabilisation de l’Afrique à travers des milices privées qui viennent faire de la prédation, des exactions sur les populations civiles ». « Cela a été documenté par les Nations Unies en République centrafricaine à travers la milice Wagner », a cité comme exemple Emmanuel Macron. Coïncidence : le 22 novembre, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre deux mercenaires de Wagner hissant leur drapeau noir à Kidal, au Mali.

L’Afrique manifeste son soutien aux Palestiniens

Sur un autre volet, le continent africain porte un regard très attentif sur ce qui se passe dans la bande de Gaza où l’armée israélienne mène des frappes. Ce, en réponse à une attaque du Hamas sur son sol, ayant coûté la vie à plus d’un millier d’Israéliens. Et depuis le 7 octobre, l’armée israélienne mène des assauts répétés dans la bande de Gaza aujourd’hui sous siège. Une situation préoccupante surtout qu’il est question de plus de 2 millions de personnes contraintes au déplacement.

C’est dans ce contexte que des pays comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte manifestent leur soutien au peuple palestinien. Des manifestations d’envergure sont souvent organisées dans ces pays d’Afrique du Nord. Au Maroc, la situation est d’autant plus complexe que le peuple exige la fin de la normalisation avec Israël. D’ailleurs, la pression sur l’État hébreu est tellement forte que Tsahal a été contraint de fermer provisoirement  son bureau de liaison à Rabat. Le personnel ayant été rapatrié par mesure de prudence.

Fermeture de l’ambassade d’Israël à Pretoria

Dans ce conflit entre Israël et le Hamas, un pays africain semble le plus engagé. Il s’agit de l’Afrique du Sud. Depuis le début de la guerre, la nation arc-en-ciel n’a de cesse condamné les « exactions » de l’armée israélienne dans la bande Gaza. Point culminant, le 21 novembre 2023, l’Assemblée nationale sud-africaine a voté en faveur d’une motion visant à fermer l’ambassade d’Israël à Pretoria. Mieux, le Parlement sud-africain a validé la suspension ses relations diplomatiques avec Tel-Aviv.

Une motion, objet de vifs débats au Parlement, et qui a été adoptée par 248 voix pour et 91 contre. La requête a été présentée par le troisième plus grand parti d’opposition du pays, les Combattants pour la liberté économique (EFF). Avant ce vote, Israël avait rappelé son ambassadeur en Afrique du Sud, Eliav Belotserkovsky, pour des consultations. Ce rappel intervenait après une sortie virulente du Président sud-africain, Cyril Ramaphosa.

L’Afrique du Sud attaque Israël en justice

Fin octobre, l’Afrique du Sud déplorait que « plus de 3 257 enfants palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. Ce nombre dépasse celui des enfants tués dans toutes les zones de conflit du monde depuis 2019 ». « En tant que puissance occupante, (Israël) n’a pas le droit de se défendre par des moyens militaires… Le concept du droit d’Israël à se défendre par des moyens militaires est utilisé à tort par certains, et délibérément par d’autres, pour légitimer l’usage illégal de la force contre le peuple palestinien à Gaza », avait déploré Pretoria.

Le 29 décembre, le gouvernement sud-africain a déposé une requête auprès de la Cour internationale de justice (CIJ) pour attaquer Israël. L’Afrique du Sud accuse l’État hébreu de génocide contre le peuple palestinien à Gaza. Pour le gouvernement sud-africain, les actions d’Israël constituent une violation de la Convention sur le génocide. Pretoria attaque les bombardements de Gaza, la politique d’occupation et le blocus de la bande de Gaza.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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