
En Suisse, la question du traitement des jeunes hommes originaires du Maghreb refait surface dans le débat politique. Si leurs demandes d’asile aboutissent très rarement, ces profils sont cités de manière récurrente dans les discussions sur la sécurité publique. Face à ces constats, l’Union démocratique du centre (UDC) souhaite durcir la réponse pénale et accélérer les procédures administratives, une ligne défendue avec vigueur par la conseillère nationale et juriste Nina Fehr Düsel.
Surreprésentation des Maghrébins dans les actes de violence grave
Depuis plusieurs années, les statistiques officielles soulignent que les ressortissants du Maroc, de l’Algérie ou de la Tunisie obtiennent presque systématiquement un refus d’asile, avec un taux d’acceptation inférieur à 1%. Parallèlement, leurs actes délictueux sont régulièrement mis en avant dans le débat public. Certains experts, comme le psychiatre Frank Urbaniok, relèvent une surreprésentation de ces nationalités dans les actes de violence grave par rapport à la moyenne suisse. Ce contexte nourrit la volonté d’une partie de la droite de réviser les pratiques actuelles.
C’est dans ce climat que la conseillère nationale et juriste Nina Fehr Düsel entend déposer une intervention parlementaire visant à renforcer fortement la réponse judiciaire et administrative. Son idée centrale : réduire à 48 heures le traitement des affaires impliquant vols, cambriolages ou délits similaires lorsque les auteurs n’ont pas de motifs d’asile valables. Elle plaide aussi pour des renvois plus rapides et la possibilité de faire purger les peines directement dans le pays d’origine, estimant que les conditions de détention en Suisse n’ont pas d’effet dissuasif suffisant.
Exécution de la peine dans le pays maghrébin d’origine
Cette proposition rejoint les positions exprimées par Abel Tizeroual, médiateur interculturel d’origine maghrébine. Celui-ci affirme que de nombreux Maghrébins installés de longue date en Suisse seraient mal à l’aise face aux comportements délictueux d’une minorité de leurs compatriotes. Selon lui, certains jeunes hommes fraîchement arrivés adopteraient un comportement défiant, persuadés qu’ils ne risquent pas grand-chose une fois sur place. Tizeroual estime que l’exécution de la peine dans le pays d’origine constituerait une forme de dissuasion plus efficace que la détention en Suisse, en réduisant aussi les risques de disparition après la libération.
Le ministre suisse de l’asile, Beat Jans, avance une autre piste : accélérer à 24 heures le traitement des demandes manifestement infondées, afin de désengorger plus rapidement les centres. Mais cette mesure inquiète l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), qui redoute une atteinte aux garanties procédurales et à la capacité d’identifier correctement les personnes vulnérables.
Le débat autour des délinquants maghrébins divise la classe politique
Plusieurs pays cherchent des solutions pour gérer les personnes dont les demandes ont été rejetées, parfois en externalisant certaines étapes, comme l’Italie avec ses projets de structures en Albanie, ou l’Autriche qui étudie la création de centres de transit hors Europe. Mais ces tentatives se heurtent souvent à des obstacles juridiques importants, comme l’a illustré l’échec du projet britannique d’externalisation vers le Rwanda.
Beat Jans appelle ainsi à la prudence, estimant que certaines annonces européennes relèvent davantage de la communication politique que de solutions réellement applicables. Pour lui, toute avancée devra respecter strictement le cadre du droit international et garantir un traitement équitable. En Suisse, la discussion reste ouverte. Entre impératif sécuritaire, respect des droits fondamentaux et volonté de dissuasion, le débat autour des délinquants maghrébins et de la politique d’asile continue de diviser la classe politique, sans qu’un consensus ne se dessine pour l’instant.





