Soudan : plus de 1500 civils fuient El-Fasher en cinq jours alors que les combats s’intensifient au Darfour


Lecture 3 min.
Des Réfugiés
Des réfugiés (illustration)

Une nouvelle vague de déplacements massifs frappe la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan. Plus de 1 500 personnes ont fui la ville d’El-Fasher en seulement cinq jours, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), alors que les affrontements entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR) s’aggravent.

Une urgence humanitaire qui s’aggrave

Entre le 15 et le 19 octobre 2025, 1 510 personnes ont quitté précipitamment El-Fasher, une ville stratégique du Nord-Darfour, en raison de la dégradation rapide des conditions sécuritaires dans cette partie du Soudan. Ces civils ont trouvé refuge à Tawila et dans d’autres localités voisines, selon les informations publiées par l’OIM. L’agence onusienne s’inquiète d’une aggravation de la crise humanitaire dans ces zones déjà fragilisées.

Les capacités d’accueil étant limitées, la pression sur les ressources essentielles comme l’eau, la nourriture et les soins médicaux ne cesse d’augmenter, plaçant les familles déplacées dans une situation critique. Ville-clé de la région du Nord-Darfour, El-Fasher est l’un des derniers bastions de l’armée régulière soudanaise. Mais depuis plusieurs semaines, les FSR mènent des attaques répétées sur plusieurs fronts.

El-Fasher sous pression militaire grandissante

L’armée a annoncé avoir repoussé une offensive venue de trois directions, causant selon elle d’importantes pertes humaines et matérielles aux milices. Malgré ces affirmations, de nombreux témoignages de civils et d’acteurs humanitaires décrivent une ville au bord de l’effondrement, secouée par des combats de rue et des bombardements qui terrorisent la population.

La Coordination générale des déplacés et des réfugiés du Darfour, une organisation locale active depuis le début du conflit, signale l’arrivée de centaines de familles à Tawila dans des conditions humanitaires extrêmement précaires. Ces personnes, souvent parties sans rien, manquent des besoins de base tels que l’eau potable, la nourriture, les abris et l’accès aux soins. L’organisation appelle les agences humanitaires à une mobilisation urgente pour venir en aide aux déplacés, désormais exposés à des risques accrus de maladies, de malnutrition et de violences.

El-Fasher, épicentre d’une nouvelle crise

Depuis le déclenchement du conflit armé en avril 2023 entre les SAF et les FSR, les conséquences sur la population civile sont catastrophiques. Selon les données des Nations unies, plus de 20 000 personnes ont perdu la vie et 14 millions ont été déplacées à l’intérieur du pays ou ont fui à l’étranger. Des études menées par plusieurs universités aux États-Unis avancent toutefois un bilan bien plus lourd, estimant à environ 130 000 le nombre de morts. Ce conflit interne, devenu l’un des plus meurtriers au monde, continue de ravager les régions du Soudan sans qu’aucune solution politique ne soit en vue.

El-Fasher, autrefois centre administratif du Darfour Nord, est désormais au cœur d’une bataille stratégique et symbolique. La ville accueille depuis des années des camps de déplacés ayant fui les violences des décennies précédentes. La reprise des combats menace directement ces populations déjà vulnérables et risque de provoquer une crise humanitaire de très grande ampleur si aucune aide internationale n’est mobilisée rapidement. La perte éventuelle de la ville par les forces gouvernementales pourrait entraîner un basculement majeur dans le conflit et intensifier les violences ethniques et tribales qui ont marqué l’histoire récente du Darfour.

Avatar photo
Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News