
D’ici 2050, l’Afrique subsaharienne comptera près de 2,1 milliards d’habitants, contre 1,27 milliard aujourd’hui. Selon le dernier rapport World Population Prospects 2024 des Nations unies, la région sera à l’origine de plus de la moitié de la croissance démographique mondiale d’ici le milieu du siècle. Derrière ces chiffres vertigineux, se joue le destin d’un continent jeune, bouillonnant, et face à d’immenses défis économiques, sociaux et environnementaux.
Les données des Nations unies sont sans appel : l’Afrique subsaharienne devrait connaître une hausse de 66 % de sa population d’ici 2050. En 2025, la population africaine est estimée à 1,55 milliard d’habitants, dont environ 1,27 milliard en Afrique subsaharienne.
En 2050, le total africain atteindrait 2,47 milliards, dont près de 2,1 milliards au sud du Sahara.
En effet, le taux de fécondité régional reste l’un des plus élevés au monde avec 4,3 enfants par femme en moyenne en 2024, une base de progression fulgurante, même s’il devrait tomber autour de 2,6 enfants d’ici 2050. Ce recul s’explique par la progression de l’éducation, notamment celle des filles, et l’accès accru à la santé reproductive. Mais la jeunesse de la population garantit une croissance « mécanique » : même avec une fécondité en baisse, la structure d’âge reste explosive.
Le « dividende démographique » : une opportunité à saisir
Cette explosion démographique peut devenir une chance. L’Afrique subsaharienne pourrait connaître un « dividende démographique » si elle parvient à transformer cette jeunesse en moteur économique.
Selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), la population active (15-64 ans) devrait passer de 883 millions de personnes aujourd’hui à 1,6 milliard en 2050. Si l’éducation, la santé et la création d’emplois suivent le rythme, la région pourrait devenir l’un des pôles les plus dynamiques de la planète.
Mais la promesse est fragile. Faute d’investissements massifs dans la formation, les infrastructures et l’économie productive, cette jeunesse pourrait se retrouver sans perspectives, alimentant exodes, tensions sociales et migrations.
Des défis colossaux à relever
L’urbanisation galopante : D’ici 2050, plus de la moitié des Africains vivront en ville. Lagos, Kinshasa, Dar es-Salaam, Nairobi ou Luanda compteront chacune entre 20 et 35 millions d’habitants. Sans planification urbaine solide, ces métropoles risquent de devenir des mégapoles ingérables, où les besoins en logement, transports et eau explosent.
La pression sur les ressources : La croissance démographique accentue les tensions sur les terres agricoles, l’eau et l’énergie. Dans plusieurs zones sahéliennes, la hausse de population s’ajoute à la crise climatique, multipliant les risques de famine, de déplacements internes et de conflits autour des ressources naturelles.
L’éducation et la santé, piliers de l’avenir : Le véritable levier réside dans l’investissement humain. Chaque année, des millions d’enfants supplémentaires entrent à l’école, mais les systèmes éducatifs restent saturés. Par ailleurs, les infrastructures sanitaires peinent à suivre, alors même que l’espérance de vie s’allonge.
La transition démographique, encore incertaine
Le rythme de la baisse de la fécondité varie fortement selon les pays :
- Afrique centrale : encore autour de 5,5 enfants par femme,
- Afrique de l’Ouest : environ 4,7,
- Afrique australe : déjà descendue à 2,4.
Si certains pays comme l’Afrique du Sud, le Botswana ou le Kenya ont entamé leur transition démographique, d’autres, comme le Niger ou la République démocratique du Congo, restent dans une phase de forte expansion. La vitesse de cette transition conditionnera l’avenir du continent et son poids sur la scène mondiale.
Une Afrique jeune au centre des équilibres mondiaux
En 2050, un humain sur quatre vivra en Afrique, et la majorité de ces Africains seront âgés de moins de 25 ans. Cette jeunesse fera de la région un acteur incontournable dans les questions de migration, d’énergie, de sécurité alimentaire et d’innovation.
Mais sans politiques ambitieuses, la croissance démographique pourrait se transformer en bombe sociale. C’est pourquoi l’Afrique subsaharienne entre dans une période décisive. La démographie peut être une force, un moteur d’énergie, de créativité et de renouveau. Mais seulement à condition d’anticiper ses conséquences.
Comme le résume le rapport des Nations unies : « L’avenir de la population mondiale se jouera en Afrique. Les choix faits aujourd’hui détermineront si cette dynamique deviendra une bénédiction ou un fardeau. »