Le Sud Global face aux défis climatiques : vers un Pacte pour la souveraineté écologique à la veille de la COP30


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Eric Gabirault
Eric Gabirault

À l’approche de la COP30 sur le climat, qui se tiendra à Belém, au Brésil, un pays emblématique des luttes socio-environnementales du Sud intertropical, le moment est venu pour les peuples du Sud Global de reprendre la parole, de se coordonner et d’agir.

Les sociétés civiles d’Afrique, d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Asie du Sud portent aujourd’hui une responsabilité historique : affirmer la souveraineté écologique des communautés qui, depuis des générations, protègent les forêts, les terres et les eaux dont dépend la planète entière. Repenser la gouvernance climatique à partir du Sud
Le Sud Global n’est pas une périphérie écologique : il en est le cœur battant. Pourtant, il reste souvent relégué au rang de bénéficiaire passif des décisions venues du Nord. À Brasília, les 7 et 8 novembre 2025, le Dialogue Sud-Sud pour la Résilience pré-COP30 offrira un espace inédit de convergence entre organisations de la société civile (OSC) d’Afrique, d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Asie du Sud. Ce dialogue vise à construire un front commun autour de la justice climatique, de la mise en œuvre du mécanisme de financement des pertes et dommages, et de la reconnaissance des solutions endogènes issues des communautés autochtones et locales.

Un front uni pour la résilience communautaire

La résilience climatique ne se décrète pas dans les salles de conférence. Elle s’enracine dans les territoires. Les OSC du Sud Global souhaitent aujourd’hui passer d’une logique de projet à une logique de souveraineté écologique collective. Cela suppose : un accès direct et équitable aux financements climatiques, notamment au Fonds pour les pertes et préjudices ; une reconnaissance des droits fonciers et spirituels des peuples autochtones ; la valorisation des pratiques locales en matière de gestion de la sécheresse, de restauration des forêts et de sécurité alimentaire. C’est dans cet esprit que naîtra à Brasília un Pacte du Sud Global intertropical pour la souveraineté écologique, affirmant la capacité des peuples à identifier les problèmes et à concevoir eux-mêmes les solutions adaptées à leurs réalités.

Des feuilles de route concrètes pour les écosystèmes du Sud

Face à la multiplication des chocs climatiques, à l’insécurité alimentaire et à la dégradation des sols, les réseaux d’OSC du Sud Global œuvrent à l’élaboration de feuilles de route régionales sur : la gestion communautaire de la sécheresse et de la désertification ; la protection des forêts intertropicales et la restauration des écosystèmes ; le renforcement de la résilience des systèmes alimentaires locaux ; la lutte contre les inégalités dans l’accès aux technologies vertes et aux financements climatiques. Une diplomatie du Sud, par le Sud, pour le monde L’initiative de ce dialogue en territoire brésilien n’est pas anodine. Le Brésil, acteur clé du G77 et pays hôte de la COP30, incarne à la fois l’expérience scientifique, sociale et politique du Sud et la capacité à fédérer des voix diverses autour d’un projet commun. Ce Dialogue Sud-Sud ne sera pas une réunion de plus, mais un acte de souveraineté, de solidarité et d’innovation géopolitique. Vers une refondation de l’action climatique mondiale L’Initiative Action Climat Afrique (ACAI), à l’origine de cette mobilisation, considère le Dialogue Sud-Sud de Brasília comme une nécessité stratégique, politique et diplomatique. En unissant leurs voix, les OSC du Sud entendent porter un message clair à la COP30 : la justice climatique ne peut être atteinte sans justice sociale, sans équité territoriale, sans autonomie des peuples.

Conclusion : refonder le récit climatique mondial

La COP30 ne doit pas être seulement une conférence de plus. Elle doit être l’espace d’un basculement historique : celui où le Sud Global ne réclame plus, mais propose ; où il ne subit plus, mais construit. Le temps est venu de passer d’un modèle de dépendance à un modèle de coopération souveraine, d’un discours sur la vulnérabilité à un récit de dignité, de résilience et d’autodétermination écologique. Le monde a besoin du Sud. Et le Sud, plus que jamais, doit parler d’une seule voix.

Par : Éric GABIRAULT
Facilitateur pour la République centrafricaine
Président de Actions Centrafrique Développement
Coalition des OSC du Sud Global (Belém, 10–21 novembre 2025)

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