L’ONU face à ses défis : une semaine de haut niveau historique entre tensions et espoirs


Lecture 5 min.
Drapeau de l'ONU
Drapeau de l'ONU

La semaine de haut niveau de l’ONU, qui s’est achevée mardi soir à New York, a été marquée par des annonces diplomatiques majeures, notamment la reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs pays occidentaux. Entre célébration du 80e anniversaire de l’organisation et tensions géopolitiques exacerbées, cette édition 2025 a confirmé la centralité de l’institution multilatérale dans un monde en crise.

La semaine de haut niveau qui s’est achevée ce mardi soir à l’ONU a été l’une des plus marquantes de ces dernières années, tant par l’intensité des échanges que par la portée politique de certaines annonces. Mercredi, en conférence de presse, la présidente de l’Assemblée générale est revenue sur le rôle vital de ce rendez-vous annuel pour les membres de l’organisation.

À la clôture d’une semaine diplomatique dense qui a vu défiler 124 chefs d’État et de gouvernement à la tribune de l’Assemblée à New York, Annalena Baerbock a tenu à marquer la particularité de cette édition 2025, caractérisée par la célébration des 80 ans de l’ONU mais aussi par des questions existentielles. L’ancienne ministre des Affaires étrangères allemande a affirmé que « les Nations Unies sont à la croisée des chemins ».

Confrontée à des « pressions politiques et financières » sans précédent, l’organisation reste à ses yeux indispensable : « Nous avons plus que jamais besoin de l’ONU et nous ne devons pas céder aux cyniques qui instrumentalisent les difficultés, parfois aussi les échecs, pour remettre en cause l’ensemble de l’organisation. »

La reconnaissance de la Palestine, tournant diplomatique majeur

Dès l’ouverture de la semaine, le lundi 22 septembre, une avalanche de temps forts s’est succédé. D’emblée, un sommet international organisé par la France et l’Arabie Saoudite a marqué un tournant diplomatique. Le président français Emmanuel Macron y a annoncé la reconnaissance officielle par son pays de l’État de Palestine. Au total, plus d’une dizaine d’États ont franchi le pas, accentuant la pression diplomatique sur Israël et son principal allié, les États-Unis, qui a perdu trois alliés traditionnels dans cette reconnaissance : le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada.

Dès le lendemain de ces annonces, Israël et les États-Unis les ont condamnées. Le président Donald Trump a estimé que cela revenait à « récompenser les terroristes du Hamas pour les atrocités commises ». Son discours a donné lieu à un moment inattendu de diplomatie en temps réel : dans les coulisses, il a échangé avec le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, avec qui il est à couteaux tirés à cause de la surtaxe douanière de 50 % imposée cet été par Washington à Brasilia. Les deux hommes se sont promis de se rencontrer dans les prochains jours pour résoudre leurs différends.

Un autre moment fort a été le message vidéo diffusé en séance plénière par le président palestinien Mahmoud Abbas, empêché d’obtenir un visa américain pour se rendre à New York. Dans celui-ci, il a accusé Israël de génocide à Gaza, accusation qui a été dès le lendemain récusée par Benjamin Netanyahou. Ce dernier s’est adressé non seulement à l’Assemblée mais aussi et surtout à la vingtaine d’otages israéliens encore vivants détenus par le Hamas, via des haut-parleurs installés dans la bande de Gaza.

L’ONU, « assurance-vie » pour de nombreux pays

La mobilisation d’un tel nombre de chefs d’État et de gouvernement témoigne de la centralité persistante de l’ONU. Pour la présidente de l’Assemblée générale, « si quelqu’un doutait encore que cette organisation compte, il suffisait de voir à quel point la salle était comble dès le lundi et le mardi », a-t-elle déclaré à la presse. « L’Assemblée est la maison de la diplomatie et du dialogue », d’après elle, un espace où les débats, parfois « controversés », reflètent les fractures du monde mais demeurent essentiels.

Si les guerres en cours à Gaza, au Soudan et en RDC ont dominé les discussions, les États membres ont insisté sur l’exigence de progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, à cinq ans de leur échéance, et sur l’action collective face au changement climatique, « la grande menace du siècle ». En exhortant les délégations à relayer ces discussions dans leurs parlements nationaux, Annalena Baerbock a rappelé : « Il y a une différence entre prononcer un discours ici à New York et affronter ensuite les débats sur l’utilisation de l’argent public chez soi. » Elle a également souligné que « l’ONU n’est que ce que nous, collectivement, faisons de ses principes », rejetant sur les États la responsabilité de leurs manquements.

La présidente de l’Assemblée générale a in fine reconnu la cadence effrénée de cette semaine de haut niveau, qu’elle a décrite comme un « speed dating diplomatique » où « la confiance est la véritable monnaie de la diplomatie ». Pour nombre de pays, l’organisation reste « une assurance-vie », parfois même la « raison » de leur libération ou de leur réunification. Au-delà des passes d’armes, l’événement aura donc été, selon ses mots, « une semaine qui a compté, qui a apporté des résultats tangibles ». Elle a conclu : « Nous allons poursuivre le travail sans peur, sans fléchir », dans l’esprit de la campagne lancée sous sa présidence : Mieux ensemble.

Avatar photo
LIRE LA BIO
Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News