
Si l’écriture d’articles avait suffi pour décourager cette piètre guerre, nous aurions réussi, depuis longtemps, à sauver les enfants tués chaque jour, les femmes violées et les hommes abattus à coup de balles ou d’armes blanches. La guerre à l’est du Congo est-elle une machine à broyer, plus forte que nos efforts de paix ?
Aujourd’hui, le monde ne sait plus quoi en faire. On l’a racontée mille fois, photographiée, comptée en morts et en déplacés. On a épuisé les mots, usé les plumes. Les discours se prononcent, s’envolent, s’évaporent. Les balles et les tombes demeurent.
Les médiations et les protocoles d’accord se succèdent, ici comme ailleurs, pour tenter de trouver la clé du problème. Cette clé existe quelque part. Brisée et dispersée entre les doigts de trop de monde, entre la terre (riche), les armes, la cupidité et le silence du monde.
Une guerre injuste
Pour justifier une guerre injuste, tous les prétextes ont été invoqués les uns à la suite des autres, sans réellement convaincre. En vérité, on sait qu’à l’origine fut un sous-sol congolais riche en minerais, convoité par les pays voisins, sous-traitants de grandes multinationales et de grandes puissances internationales. Le Rwanda inventa un euphémisme, pour le moins drôle, de « mesures défensives « pour nommer sa présence militaire dans cette région aux côtés du groupe armé le M23.
Les médiations se succèdent en Angola, au Kenya, au Burundi, au Qatar et à Washington. Certains protocoles d’accord sont signés, des résolutions prises à l’ONU. Ces instances parfois déconnectées, parlent mécaniquement d’intégrité territoriale, de désarmement, de paix, de justice. Sur le terrain, les armes s’en foutent. Le vent porte encore plus loin leur langage brut : craquements, grondements, sifflements.
Les enfants n’ont jamais connu un matin sans sifflement de balles, les femmes violées à longueur de journée, marchent comme sur des braises brûlantes, les hommes scrutent l’horizon, fatigués d’enjamber les morts jonchant les collines.
Une conférence internationale humanitaire à Paris
La France est la dernière à imaginer une autre piste, celle de conférence internationale humanitaire qui a eu le jeudi 30 octobre 2025. Sur le papier, c’est une bonne idée. Intitulée « Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs », cette nouvelle instance a permis de mobiliser plus d’1,5 milliard d’euros pour la région. D’autres annonces ont été également faites notamment la réouverture de l’aéroport de Goma pour faciliter le cheminement de l’aide humanitaire. Pourtant, dans les faits, rien n’est possible aujourd’hui tant que la guerre continue et redouble d’intensité dans plusieurs localités.
Cette conférence de Paris est une opportunité, certes, qui permet surtout à Monsieur Macron de s’inviter officiellement dans la danse congolaise. Le président français semble toujours s’appuyer sur l’Union africaine qui a paradoxalement prouvé son inefficacité à se positionner objectivement face à ce conflit. Le défi majeur reste de traduire les promesses en actions rapides, la priorité étant avant tout l’arrêt de la guerre. Sans cela, la séance de Paris pourrait devenir un acte symbolique de plus, dans une région qui a déjà vu tant de conférences, de résolutions et – malheureusement – peu de changements concrets.



