
Le gouvernement congolais a annoncé, ce lundi 1ᵉʳ décembre, la fin officielle de l’épidémie d’Ebola dans la zone de santé de Bulape, au cœur de la province du Kasaï. Cette résurgence, la 16ᵉ enregistrée en République démocratique du Congo depuis la découverte du virus en 1976 à Yambuku, fait désormais partie du passé après 42 jours sans nouveau cas, conformément au protocole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Déclarée début septembre, la flambée a touché 64 personnes au total, dont 53 cas confirmés par PCR et 11 cas probables. Elle a causé 45 décès, tandis que 19 patients ont pu être sauvés grâce à une prise en charge rapide dans le centre de traitement installé à Bulape. Pour le ministère de la Santé, ces chiffres rappellent que, même contenue, Ebola reste l’une des maladies les plus redoutables au monde.
« Le fruit de plusieurs décennies d’expérience »
Le ministre congolais de la Santé, Roger Kamba, a salué une riposte exemplaire : « Ceci résulte du fruit de l’expérience de plusieurs décennies », a-t-il déclaré, rappelant que la RDC, forte de 16 épidémies en moins de cinquante ans, a accumulé une expertise unique face au virus. Selon le ministère, aucun nouveau cas n’a été enregistré depuis le 26 septembre, signe d’un contrôle rapide et efficace de la situation.
Présent au Kasaï, le directeur régional de l’OMS, Mohamed Janabi, a félicité « l’implication de tous les acteurs » et « leurs efforts constants tout au long de la riposte », soulignant la solidité du travail interinstitutionnel mené en milieu rural.
De son côté, le Dr Dieudonné Mwamba Kazadi, directeur général de l’Institut national de santé publique (INSP), a insisté sur trois piliers essentiels de la réussite : la coordination avec les partenaires, permettant une action cohérente et rapide ; le déploiement immédiat des équipes d’intervention rapide, arrivées sur place dès la confirmation des premiers cas ; et enfin, la disponibilité d’un laboratoire mobile, qui a accéléré les diagnostics et raccourci le délai de prise en charge. Il ajoute que le lancement précoce de la vaccination ciblée, une innovation introduite lors des précédentes crises, a joué un rôle déterminant.
Une riposte menée dans un contexte logistique difficile
Bulape se trouve dans une zone enclavée du Kasaï, où les routes impraticables, l’absence d’infrastructures sanitaires solides et l’éloignement des villages compliquent traditionnellement toute intervention médicale d’urgence.
Malgré cela, les autorités congolaises, appuyées par l’OMS et plusieurs ONG, ont déployé un arsenal complet : surveillance épidémiologique renforcée, avec des équipes mobiles de dépistage ; prise en charge rapide dans des unités de traitement sécurisées ; sensibilisation communautaire, essentielle pour repérer les malades, limiter les contacts à risque et obtenir l’adhésion de la population.
Le rôle des communautés locales, souligne le Dr Mwamba Kazadi, a été fondamental pour briser les chaînes de transmission : « C’est vraiment ce dispositif mis en place très rapidement qui nous a permis de contenir cette épidémie. En six semaines, on avait déjà le contrôle ».
Lire aussi : RDC : 29 jours sans nouveau cas pour proclamer la fin de l’épidémie d’Ebola à Bulape : le compte à rebours a commencé
Un rappel : la vigilance reste indispensable
Si la RDC célèbre aujourd’hui la fin de cette épidémie, les autorités sanitaires appellent à une préparation permanente. Chaque épidémie d’Ebola, même limitée, révèle des fragilités persistantes dans les systèmes de surveillance, la logistique ou les infrastructures de santé. Pour l’INSP, les leçons sont claires : « Nous devons continuer à renforcer les mesures de préparation pour que, lors de nouvelles flambées, les dispositifs soient déjà en place et les communautés prêtes ».
C’est dire que les autorités sanitaires congolaises ne perdent pas de vue que le virus Ebola, endémique dans certaines zones d’Afrique centrale, peut réapparaître à tout moment. L’enjeu est désormais de maintenir effectivement les capacités acquises, dans un contexte où les financements internationaux tendent parfois à diminuer une fois l’urgence passée.



