Ebola au Kasaï : une nouvelle alerte dans une RDC déjà aguerrie


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Enterrement d'une personne morte d'Ebola

Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) s’efforce de se relever de nombreux défis sanitaires et sécuritaires, une nouvelle menace vient raviver de douloureux souvenirs : une épidémie d’Ebola s’est déclarée dans la province du Kasaï. Ce foyer d’infection, bien que localisé, suscite des inquiétudes croissantes au vu de son taux de létalité élevé et de son potentiel de propagation. Pourtant, le pays, fort de son expérience et de son arsenal de riposte, semble mieux préparé que jamais à affronter ce fléau.

Une épidémie meurtrière dans une région isolée

La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à une nouvelle une épidémie d’Ebola dans la province du Kasaï. La confirmation d’une flambée d’Ebola dans le territoire de Mweka, plus précisément dans la zone de santé de Bulape, marque la 16e résurgence de ce virus en RDC. Déjà 28 cas suspects ont été identifiés, dont 16 décès, un chiffre qui révèle une létalité préoccupante de 57%. Parmi les victimes figurent quatre agents de santé, soulignant les risques énormes encourus par les premiers intervenants.

Le premier cas confirmé concerne une femme enceinte de 34 ans, admise le 20 août dernier avec des symptômes classiques du virus : fièvre élevée, vomissements et saignements. L’analyse des prélèvements effectués par l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) a identifié la souche « Zaïre » du virus Ebola, connue pour sa virulence.

Une réponse rapide, mais complexe

Face à cette résurgence, les autorités sanitaires n’ont pas tardé à réagir. Le ministre de la Santé, Samuel Kamba, a annoncé la mise en place immédiate du système de gestion des incidents. Des équipes d’intervention rapide ont été déployées, accompagnées de structures de triage, d’unités d’isolement et de dispositifs pour des enterrements sécurisés. Cependant, l’accès difficile à la zone concernée, qui nécessite un long trajet par voie terrestre depuis Tshikapa et souffre d’un manque d’infrastructures aériennes, complique la logistique d’une réponse rapide et efficace.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), partenaire clé dans la lutte contre Ebola, a déjà envoyé deux tonnes de matériel médical, comprenant des équipements de protection individuelle, des kits de laboratoire mobile et d’autres fournitures essentielles. En parallèle, 2 000 doses du vaccin Ervebo, stockées à Kinshasa, doivent être rapidement acheminées vers la zone à risque pour protéger les contacts directs et les soignants.

Un pays expérimenté, mais vulnérable

L’histoire de la RDC avec le virus Ebola est marquée par la résilience, mais aussi par des drames humains. Depuis la première apparition du virus sur son sol en 1976, le pays a connu pas moins de quinze épidémies, certaines particulièrement meurtrières comme celle de 2018-2020 dans l’Est du pays, qui a fait plus de 2 200 morts. Le Kasaï, et plus précisément Mweka, n’en est pas à sa première confrontation avec le virus. Les épidémies de 2007, 2008 et 2011 avaient déjà endeuillé la région.

Ces précédents ont laissé des cicatrices, mais aussi une certaine préparation des équipes locales qui connaissent les protocoles d’isolement, de surveillance et de traçage des contacts. Le ministre de la Santé a tenu à rassurer la population en affirmant que « rien n’est à craindre » et en rappelant l’expertise acquise au fil des années. Mais il a également insisté sur l’importance de la vigilance communautaire : déclarer les cas suspects, éviter les contacts à risque et maintenir une hygiène stricte restent les meilleurs remparts contre la propagation du virus.

Une épidémie contenue ou une menace plus large ?

La situation actuelle reste sous contrôle, selon les autorités, mais les prochaines semaines seront décisives. Si les cas se multiplient ou si le virus gagne d’autres zones plus densément peuplées, la gestion de l’épidémie pourrait devenir bien plus complexe.

La RDC, malgré les défis logistiques et les faiblesses structurelles de son système de santé, bénéficie d’un avantage précieux : l’expérience. Chaque épidémie passée a permis de renforcer les capacités de réponse, de former du personnel qualifié et de développer des partenariats solides avec des organismes internationaux comme l’OMS ou Médecins Sans Frontières.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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