
La République démocratique du Congo (RDC) s’apprête à tourner une nouvelle page de son long combat contre le virus Ebola. Selon une note d’information du ministre de la Santé publique, de l’Hygiène et de la Prévention, Dr Samuel Roger Kamba, la fin officielle de l’épidémie pourrait être déclarée dans 29 jours, à condition qu’aucun nouveau cas ne soit enregistré dans la zone de santé de Bulape, dans la province du Kasaï.
L’annonce, présentée lors du Conseil des ministres tenu le 31 octobre 2025, marque une étape importante pour un pays qui, depuis près de cinquante ans, reste en première ligne face à l’un des virus les plus redoutés au monde.
Une épidémie maîtrisée malgré les défis logistiques
Déclarée dans une zone rurale enclavée du centre du pays, l’épidémie d’Ebola à Bulape avait soulevé de vives inquiétudes au moment de son apparition. Les difficultés d’accès, l’état dégradé des routes et le manque d’infrastructures sanitaires adéquates rendaient l’intervention des équipes médicales particulièrement complexe. Pourtant, grâce à une riposte rapide et coordonnée, appuyée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et divers partenaires techniques et financiers, les autorités congolaises sont parvenues à endiguer la propagation du virus.
Les stratégies déployées (surveillance épidémiologique renforcée, prise en charge précoce des cas confirmés, vaccination ciblée des contacts et sensibilisation communautaire) ont permis de briser la chaîne de transmission dans plusieurs localités. « Au cours de la semaine qui s’achève, aucun nouveau cas de la maladie à virus Ébola n’a été enregistré. Conformément au protocole de l’OMS, il reste 29 jours avant la déclaration officielle de la fin de l’épidémie », a précisé le ministre de la Santé dans le compte rendu du Conseil des ministres.
Une 16e épidémie dans un contexte sanitaire préoccupant
La RDC n’en est pas à sa première confrontation avec le virus Ébola. Depuis la découverte du virus en 1976 à Yambuku, dans l’ex-province de l’Équateur, seize flambées épidémiques ont été recensées sur le territoire national, faisant du pays un laboratoire mondial dans la lutte contre cette maladie.
Cette nouvelle victoire, si elle se confirme, interviendrait dans un contexte épidémiologique particulièrement difficile. En effet d’autres menaces sanitaires continuent de sévir. Le choléra, notamment, connaît une recrudescence inquiétante. Entre la 41e et la 42e semaine épidémiologique, le nombre de cas suspects est passé de 1 051 à 1 231, dont 28 décès, soit une létalité de 2,3 %.
De même, le Mpox (anciennement variole du singe) reste sous surveillance : bien qu’en baisse depuis huit semaines, la maladie continue de circuler activement dans les provinces du Sud-Kivu et du Sankuru. Ces foyers de transmission rappellent la fragilité structurelle du système de santé congolais, régulièrement mis à l’épreuve par la multiplicité des urgences sanitaires.
Des progrès médicaux mais une vigilance nécessaire
L’OMS rappelle que la maladie à virus Ébola, bien que rare, demeure grave et hautement contagieuse. La transmission interhumaine se fait par contact direct avec les liquides biologiques d’une personne infectée, ou via des surfaces et objets contaminés.
Cependant, les progrès réalisés ces dernières années, notamment avec la mise au point de traitements expérimentaux et de vaccins efficaces, ont considérablement réduit la létalité du virus. Les chances de survie augmentent significativement lorsque les patients sont pris en charge rapidement et bénéficient de soins appropriés.
La riposte à Bulape illustre ces avancées : une détection précoce, des interventions médicales coordonnées et la confiance progressive des communautés locales dans le système de santé.
Un signal d’espoir pour le Kasaï et le pays
Si les 29 jours à venir ne révèlent aucun nouveau cas, la déclaration officielle de la fin de l’épidémie marquera une victoire symbolique et sanitaire pour le Kasaï, longtemps considéré comme une région périphérique en matière d’infrastructures médicales. Elle témoignera également de la capacité de résilience du système de santé congolais, souvent critiqué mais capable de mobiliser des ressources et des compétences face aux crises.
Pour autant, le gouvernement et ses partenaires appellent à ne pas relâcher la vigilance. La surveillance active devra se poursuivre dans les zones à risque, tandis que les efforts de sensibilisation et de renforcement du système de santé de proximité demeurent indispensables pour prévenir toute réapparition du virus.
Ébola : une menace persistante mais de mieux en mieux contenue
Depuis la première épidémie en 1976, Ébola a tué plusieurs milliers de personnes en Afrique centrale et occidentale, suscitant la peur et la stigmatisation. Mais l’expérience accumulée par la RDC, à travers des décennies de lutte, a transformé le pays en acteur de référence dans la gestion des flambées épidémiques.
La situation à Bulape, si elle se conclut sans nouveau cas, illustrera une nouvelle fois cette expertise nationale, acquise au prix d’énormes sacrifices humains et logistiques. À Bulape comme ailleurs, la victoire sur Ébola ne sera pleinement célébrée que lorsque la vigilance se sera transformée en prévention durable.




