L’ONU face aux divisions mondiales : « Jamais nous n’avons été aussi indispensables »


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Antonio Guterres, Secrétaire général de l'ONU
Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres

À l’ouverture du débat de la 80e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, le chef de l’ONU a, pendant son discours, démontré le rôle indispensable de l’organisation, appelé les membres à faire des choix judicieux pour l’avenir et évoqué la nécessité d’enfin élire une femme secrétaire générale.

Réunis dans la salle emblématique de l’Assemblée générale au siège de l’ONU, devant les chefs d’État et de gouvernement, António Guterres, le Secrétaire général a déclaré dans son discours d’ouverture du débat : « Les forces qui secouent notre monde ébranlent jusqu’aux fondements du système des Nations Unies. Nous sommes confrontés à des tensions et à des divisions géopolitiques croissantes, à une incertitude chronique et à une pression financière de plus en plus forte. »

Selon le chef de l’ONU, « en ces temps de crise, jamais l’Organisation des Nations Unies n’a été aussi indispensable, le monde a besoin de la légitimité unique que nous incarnons. De notre capacité de rassemblement, de notre volonté d’unir les nations, de réduire les clivages et de relever les défis qui se présentent à nous ».

Afin de rappeler au monde entier qu’il a besoin de l’ONU, tous étant dans le même bateau, Antonio Guterres a martelé que l’ONU est « une boussole, une force de paix et de maintien de la paix, un gardien du droit international, un catalyseur du développement durable, une bouée de survie pour les personnes en situation de crise, un phare dans la nuit pour les droits humains, un centre qui traduit vos décisions, les décisions prises par les États membres en mesures concrètes ».

Cinq choix cruciaux pour l’avenir

Le secrétaire général des Nations Unies a tenu à mettre en avant les réformes internes qu’il a engagées pour « construire une Organisation plus forte, plus inclusive et plus efficace » et a appelé à « investir dans une Organisation des Nations Unies qui s’adapte, innove et a les moyens d’agir pour les populations du monde entier ».

Il a aussi tenu à tirer la sonnette d’alarme sur les changements constants que subit le monde actuellement en rappelant que dans un monde « de plus en plus multipolaire, sans institutions multilatérales efficaces, la multipolarité ouvre la porte au chaos ». Il a donc lancé un appel à une coopération internationale dans la lucidité.

S’interrogeant sur l’avenir que les États membres vont construire, il a égrené des questionnements aux chefs d’États et de gouvernement qui ont assisté à l’ouverture de la 80e Assemblée générale : « Quel monde allons-nous choisir ? Un monde où règne la force brute ? Ou un monde régi par les lois ? Un monde où seul compte son propre intérêt ? Ou un monde où les nations s’unissent ? Un monde où règne le droit du plus fort ? Ou un monde de droits universels ? »

Ce qui a permis au chef de l’ONU d’exhorter les États membres à faire les bons choix : « nous devons faire un choix, un choix actif pour réaffirmer la primauté du droit international, pour redonner au multilatéralisme sa place centrale, pour renforcer la justice et les droits humains ».

Le secrétaire général de l’ONU a ainsi fait mention de « cinq choix cruciaux » pour le monde futur : le choix d’une paix ancrée dans le droit international ; le choix des droits humains et de la dignité humaine ; le choix de la justice climatique ; le choix de mettre la technologie au service de l’humanité et le choix de renforcer l’ONU pour le 21e siècle.

Plaidoyer pour une femme secrétaire générale

La présidente de l’Assemblée générale Annalena Baerbock a elle aussi tenu à rendre hommage à l’ONU malgré les épreuves et les difficultés qui tendent souvent à freiner les réalisations de l’Organisation. Dans son discours, elle a tenu à rappeler que l’ONU est une boussole dans un monde qui souffre : « Il est clair que nous devons faire mieux. Mais nous ne devons pas laisser les cyniques instrumentaliser ces échecs, prétendre que notre institution est un gaspillage d’argent, obsolète, dépassée. Oui notre monde souffre, oui nous avons des échecs mais imaginez à quel point la situation serait pire sans les Nations Unies. »

Elle a rappelé que depuis des décennies, les Nations Unies sont « une boussole pointant vers la paix, l’humanité et la justice. Nous n’y sommes pas toujours parvenus mais l’histoire de cette institution n’est pas celle de victoires faciles. C’est l’histoire de chutes et de relèvements, de la nécessité de se relever et de redoubler d’efforts ».

Étant à la croisée des chemins, la présidente de l’Assemblée générale a demandé aux États membres de se rappeler des fondateurs de l’Organisation mais surtout de leur courage et leur détermination à la création de l’institution : « nous sommes réunis pour prouver que cette institution et à travers elle, chaque nation représentée ici peut retrouver la force et l’unité manifestées pour la première fois à San Francisco il y a 80 ans. Le courage et la détermination de dirigeants qui, même si certains les ont qualifiés de naïfs, ont cru pouvoir construire un monde meilleur à partir des ruines du passé. »

Annalena Baerbock a tout de même fait un plaidoyer pour que l’ONU se tourne désormais vers des objectifs au goût de l’avancement et des changements du 21e siècle : « nous devons bâtir une Organisation des Nations Unies agile, rentable et adaptée à ses objectifs ». Mais surtout, elle a plaidé, sinon fait la demande expresse pour le choix d’une femme pour succéder à l’actuel Secrétaire général dont le mandat expire en décembre 2026 : « En près de 80 ans, cette Organisation n’a jamais choisi une femme pour ce poste. On peut se demander comment, sur quatre milliards de candidats potentiels, il n’a pas été possible d’en trouver une seule », a-t-elle déclaré, estimant qu’il ne s’agit « pas seulement d’une question de représentation égale, mais aussi de crédibilité de cette Organisation ».

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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