Sommet de l’AES : pourquoi la rencontre de Bamako est important pour la région


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AES

Bamako accueille, les 22 et 23 décembre 2025, le deuxième sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel. Les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso entendent consolider la confédération née à Niamey et affirmer leur souveraineté commune. Sécurité, intégration économique et coopération diplomatique figurent au cœur des échanges.

La capitale malienne vibre depuis ce matin au rythme d’un ballet diplomatique sans précédent. Bamako accueille, ces 22 et 23 décembre 2025, le deuxième sommet des chefs d’État de l’Alliance des États du Sahel (AES). Sous les regards attentifs de toute la région, le général Assimi Goïta, le général Abdourahamane Tiani et le capitaine Ibrahim Traoré se retrouvent pour transformer l’essai de la confédération née à Niamey en juillet dernier.

Une capitale aux couleurs de la souveraineté

L’atmosphère qui règne dans les rues de Bamako ne laisse place à aucun doute sur l’importance de l’événement. Les grandes artères de la ville sont pavoisées aux couleurs des trois nations et ornées des effigies des trois dirigeants. Pour les autorités de transition, ce sommet n’est pas qu’une simple réunion de travail, c’est une démonstration de force et d’unité.

Après les jalons posés au Niger il y a plus d’un an, il s’agit désormais de concrétiser une vision commune : celle d’une zone sahélienne qui refuse les diktats extérieurs et entend prendre son destin en main.

La sécurité comme socle inébranlable

Le menu des discussions est particulièrement dense, mais la priorité reste la lutte contre l’insécurité. Après avoir tourné le dos au G5 Sahel, les trois pays misent tout sur la Force unifiée de l’AES. Ce sommet doit permettre de passer à la vitesse supérieure en rencontrant le commandement de cette force conjointe.

L’objectif est clair : coordonner les opérations militaires de manière plus fluide pour traquer les groupes terroristes qui se jouent des frontières. Pour les populations du Liptako-Gourma, l’attente est immense, et les dirigeants le savent : la crédibilité de leur alliance repose avant tout sur leur capacité à ramener la paix.

L’intégration par l’économie et l’information

Si la défense occupe le devant de la scène, l’AES entend prouver qu’elle est bien plus qu’une simple alliance militaire. Les chefs d’État s’apprêtent à entériner des projets structurants qui pourraient changer le quotidien des citoyens. Parmi eux, la création d’une banque commune d’investissement est sur toutes les lèvres.

Ce levier financier viserait à financer des projets de développement endogènes sans dépendre des institutions internationales traditionnelles. Parallèlement, le projet de la Télévision de l’AES, dont le siège sera basé à Bamako, doit voir le jour pour porter la voix officielle de la confédération et contrer les récits médiatiques étrangers.

Une diplomatie de bloc face aux crises régionales

Ce sommet se tient également dans un contexte régional tendu. La récente tentative de déstabilisation signalée au Bénin le 7 décembre dernier ne manquera pas d’être évoquée. Le Burkina Faso et le Niger, partageant des frontières directes avec Cotonou, voient dans ces événements une source d’inquiétude majeure pour la stabilité de la zone.

En discutant de ces enjeux géopolitiques, les dirigeants de l’AES affirment leur volonté de parler d’une seule et même voix sur la scène internationale.

Un conseil des ministres pour baliser le terrain

Rien n’a été laissé au hasard pour ce sommet. Dès le samedi 20 décembre, le Palais de Koulouba a accueilli une session confédérale du Conseil des ministres. Sous la présidence du général Goïta, les ministres des trois pays ont minutieusement examiné les protocoles additionnels relatifs à la diplomatie et au développement.

Ce travail de l’ombre a permis de préparer les dossiers qui seront soumis à la signature des chefs d’État, garantissant ainsi que ces deux jours de rencontre débouchent sur des décisions concrètes plutôt que sur de simples déclarations d’intention. Le futur Parlement confédéral, autre pilier de cette architecture institutionnelle, est également au cœur des réflexions pour ancrer l’alliance dans une légitimité représentative.

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