Coup d’État déjoué au Bénin : une douzaine de militaires arrêtés après la mutinerie


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Attaque djihadiste au Bénin
Attaque djihadiste au Bénin

Le Bénin a été secoué, dimanche 7 décembre 2025, par une tentative de coup d’État militaire rapidement neutralisée par les Forces armées béninoises. Aux premières heures du jour, un groupe de soldats dissidents est apparu sur la télévision nationale pour annoncer avoir « démis de ses fonctions » le Président Patrice Talon, dont la fin de mandat est prévue pour avril 2026. Quelques heures plus tard, les autorités ont confirmé que le chef de l’État était sain et sauf et que la situation était totalement maîtrisée.

Une prise de contrôle éclair de la télévision publique

Au Bénin, un coup de force a débuté tôt dans la matinée lorsque des militaires se réclamant d’un mystérieux « Comité de la refondation militaire » ont investi les locaux de la Radiodiffusion-Télévision du Bénin (RTB). Dans une déclaration enregistrée puis diffusée brièvement, ils ont annoncé la destitution du Président Talon et nommé le lieutenant-colonel Pascal Tigri, un officier d’artillerie issu de la garde nationale, comme chef du comité.

Le message des mutins n’a toutefois été diffusé qu’une seule fois. Très rapidement, le signal de la RTB a été interrompu, signe que les forces loyales intervenaient déjà pour reprendre la main. À Cotonou, la matinée a été marquée par des échanges de tirs dans la zone du port et à proximité de la Présidence. Selon plusieurs sources sécuritaires, les insurgés ont d’abord tenté d’atteindre le domicile du chef de l’État, avant d’être « vigoureusement repoussés ».

Une douzaine de militaires arrêtés

Ils se seraient ensuite dirigés vers le palais présidentiel, sans succès, avant de se rabattre sur la télévision nationale, seul lieu qu’ils ont réussi à occuper temporairement. Dans le centre de la capitale, la circulation autour de la Présidence a été immédiatement bloquée. Des chars ont été aperçus en direction du boulevard de la Marina et des hélicoptères ont survolé plusieurs quartiers sensibles. Malgré cette agitation, le reste de la ville est resté relativement calme, et les activités religieuses dominicales ont pu se tenir normalement.

Selon les premières informations divulguées par des sources militaires, une douzaine de soldats ont été arrêtés après l’échec du putsch. Une source évoque treize arrestations, une autre affirme que tous les interpellés sont des militaires, dont un ancien soldat radié. Les autorités estiment que les principaux instigateurs du mouvement figurent parmi les personnes arrêtées. « Il s’agit d’un groupuscule isolé qui n’a jamais eu le contrôle du territoire », a indiqué une source sécuritaire, assurant que la capitale et l’ensemble du pays étaient « totalement sécurisés ».

La réaction ferme du gouvernement

Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le ministre de l’Intérieur Alassane Seidou a salué la réaction rapide de l’armée béninoise, affirmant que la tentative de déstabilisation avait été immédiatement contenue. Il a invité la population à reprendre normalement ses activités, insistant sur la fidélité des forces de défense et de sécurité à l’ordre constitutionnel.

L’événement intervient dans une région déjà marquée par une série de putschs récents (Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée-Bissau). L’Union africaine a réagi sans attendre, condamnant « fermement et sans équivoque » la tentative de renversement et appelant les militaires impliqués à retourner dans leurs casernes. La CEDEAO devrait également publier une réaction officielle dans les prochaines heures.

Un pays en attente de transparence

Si le calme semble être revenu à Cotonou, de nombreuses questions subsistent. Les Béninois réclament des précisions sur le déroulement des événements, l’étendue réelle de la mutinerie et un éventuel bilan humain. Une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur les motivations et les complicités éventuelles des mutins.

Alors que le Bénin était jusqu’ici considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, cette tentative de coup d’État, même avortée, constitue un signal d’alerte. Le pays reste en vigilance, tandis que les autorités promettent de renforcer la sécurité nationale et de communiquer davantage dans les prochaines heures.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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