Sénégal : un second journaliste interpellé après l’affaire Maimouna Ndour Faye


Lecture 3 min.
Liberté de la presse au Burkina Faso

L’arrestation de Maimouna Ndour Faye, directrice de la chaîne privée 7TV, avait déjà provoqué un choc dans le paysage médiatique sénégalais. Un second journaliste, Babacar Fall, a été brièvement interpellé après un échange avec Madiambal Diagne, patron de presse en exil, visé par un mandat d’arrêt international.

Ces arrestations successives ravivent les inquiétudes sur la liberté de la presse et sur les tensions persistantes entre médias et autorités.

Deux arrestations en quarante-huit heures

En deux jours, le climat médiatique s’est nettement tendu.
Mardi soir, les forces de l’ordre ont fait irruption dans les locaux de 7TV pour interrompre la diffusion d’une émission où apparaissait Madiambal Diagne. Elles ont arrêté Maimouna Ndour Faye et l’ont placée en garde à vue pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « atteinte à l’autorité de la justice ».

Moins de vingt-quatre heures plus tard, Babacar Fall, journaliste à RFM et correspondant de RFI, a connu le même sort. Il venait de réaliser un entretien téléphonique avec Madiambal Diagne. Depuis la France, son interviewé affirmait que les poursuites engagées contre lui étaient « politiques ».
Ces interpellations ont déclenché un tollé dans les rédactions et parmi les défenseurs des droits humains.

Libérations sous conditions

Les deux journalistes ont finalement retrouvé la liberté, mais restent menacés de poursuites.
Maimouna Ndour Faye a été relâchée jeudi 30 octobre après son audition par le procureur de Dakar. Son avocat, Me Amadou Sall, précise qu’elle demeure « à la disposition de la justice ». Par ailleurs, elle ne peut pas encore s’exprimer publiquement.
Babacar Fall, lui, a été libéré mercredi soir après une courte garde à vue. Selon son avocat, Me Barro, aucune preuve solide ne justifiait la poursuite de la procédure.
La direction de 7TV a affirmé sa volonté de coopérer avec la justice. Elle a toutefois dénonçé « une atteinte grave à la liberté d’informer ».

Mobilisation pour la liberté de la presse

Ces arrestations ont provoqué une large vague de solidarité. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a dénoncé une « intrusion inacceptable » des forces de l’ordre dans les médias.
Amnesty International, Reporters sans frontières et plusieurs associations ont exigé la « fin immédiate des intimidations contre les journalistes ».
Face à cette mobilisation, des professionnels du secteur annoncent la création d’un Front pour la défense de la liberté de la presse.
Parallèlement, les signaux de 7TV et de Télé Futurs Médias (groupe RFM) ont brièvement été suspendus sur la télévision numérique terrestre. De nombreux observateurs y voient une « censure arbitraire ».

Un climat de plus en plus tendu

Au-delà des cas de Maimouna Ndour Faye et Babacar Fall, cette affaire expose une méfiance grandissante entre les autorités et la presse indépendante.
Le Sénégal, a longtemps été salué pour sa vitalité démocratique. Cependant, il multiplie désormais les poursuites contre des journalistes et les suspensions de médias.

Avatar photo
Sidoine observe, écoute et raconte l’Afrique telle qu’elle se vit au quotidien. Sur Afrik.com, il mêle récits, portraits et analyses pour donner chair aux événements et aux débats qui animent le continent
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News