
L’enquête sur l’assassinat du journaliste Martinez Zogo franchit une étape clé avec l’audition de trois nouveaux témoins au tribunal militaire de Yaoundé. Leurs déclarations ravivent la thèse d’un guet-apens, selon la partie civile, qui affirme que les pièces du puzzle commencent à s’assembler. La défense dénonce pourtant des récits flous et contradictoires qui maintiennent le mystère entier.
L’instruction autour de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo a connu un nouveau développement ce mardi 25 novembre au tribunal militaire de Yaoundé. Deux ans après le crime odieux qui a secoué le Cameroun, l’audition de trois nouveaux témoins est une étape jugée « déterminante » par la partie civile, tandis que la défense dénonce un manque de clarté dans les récits.
Trois nouvelles voix pour éclairer les zones d’ombre
Les onzième, douzième et treizième témoins de cette affaire complexe ont défilé devant le tribunal. Parmi eux, deux figures clés : Étienne Mbassi, déclarant de douanes qui se présente comme proche des services de renseignements, et Van Chakra, un caporal de l’armée camerounaise.
Ces deux hommes affirment avoir assuré, de manière informelle, la protection du journaliste, qui leur avait confié se sentir menacé. Ils seraient également les dernières personnes à avoir vu Martinez Zogo vivant, juste avant son enlèvement le 17 janvier 2023. Leur présence et leur proximité avec la victime peu avant le drame confèrent à leurs déclarations un poids particulier.
L’accusation conforte sa thèse du piège
Face aux questions, parfois acerbes, de la défense, Étienne Mbassi et Van Chakra ont livré des récits qui, selon la partie civile, commencent à dessiner un scénario précis.
Me Calvin Job, avocat des ayants droit de Martinez Zogo, s’est montré optimiste à l’issue de l’audience. Il estime que les témoignages de ce mardi confortent la thèse de l’existence d’un individu ayant eu pour mission d’attirer le journaliste dans un guet-apens. « Les pièces du puzzle se reconstruisent », a-t-il affirmé, suggérant que le chemin vers la vérité s’éclaire progressivement.
La défense s’insurge contre des déclarations « ambiguës »
Un son de cloche radicalement différent a été donné par les avocats de la défense. Me Jacques Bougny, qui représente notamment l’accusé Justin Danwe, a pointé du doigt les incohérences et les zones d’ombre persistantes dans les auditions.
« Il y a tout un flou autour des différentes déclarations et beaucoup de contradictions », a-t-il déploré. L’avocat a insisté sur le manque de « lisibilité » des événements qui se sont déroulés le 17 janvier, regrettant que ces nouveaux témoignages n’apportent pas la clarté attendue pour démêler les fils de cette affaire.
Un proche de la victime sème le doute sur l’accusé principal
Ces nouvelles dépositions surviennent après celle d’Alain Ekassi, un proche de Martinez Zogo, entendue la veille. Son témoignage avait déjà créé une nouvelle dynamique en orientant les soupçons vers un autre accusé que l’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, considéré jusqu’ici comme la figure centrale de ce dossier.
Malgré les divergences d’interprétation et les versions qui continuent de s’affronter, l’instruction se poursuit au tribunal militaire de Yaoundé. La prochaine audience est d’ores et déjà fixée au 16 décembre. L’opinion publique camerounaise reste suspendue à l’évolution de ce procès emblématique, symbole de la lutte pour la liberté de la presse.




