
De l’Afrique de l’Ouest à la Corne du continent, l’année 2025 a été jalonnée de décisions politiques lourdes de conséquences et de signaux forts envoyés à la communauté internationale. Tentatives de déstabilisation, élections issues de transitions militaires, ruptures avec des organisations régionales, mais aussi grands rendez-vous diplomatiques mondiaux ont rythmé l’actualité.
Guinée-Bissau : un nouveau coup d’État contre le Président Embaló
Par nature contrastée, l’année 2025 aura été pour l’Afrique une période de bascule politique et institutionnelle. Entre tentatives de coups d’État, élections issues de transitions militaires, ruptures régionales, sommets diplomatiques majeurs et débats sur la gouvernance continentale, le paysage africain a été profondément remodelé. Cette rétrospective revient sur les faits politiques les plus marquants de l’année, tels qu’ils ont rythmé l’actualité du continent.
L’année 2025 a été marquée en Guinée-Bissau par un coup d’État visant le Président Umaro Sissoco Embaló, confirmant une fois de plus l’extrême vulnérabilité institutionnelle du pays. L’attaque contre le pouvoir exécutif s’est inscrite dans une longue série de ruptures constitutionnelles qui font de la Guinée-Bissau l’un des États les plus instables d’Afrique de l’Ouest. Cet épisode a provoqué une paralysie politique temporaire et ravivé les craintes d’un effondrement durable de l’ordre républicain.
Bénin : un coup d’État avorté qui rappelle la fragilité régionale
En décembre 2025, le Bénin a été secoué par une tentative de coup d’État avortée, un événement rare pour ce pays longtemps présenté comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest. Rapidement neutralisée par les forces de sécurité, cette tentative a néanmoins provoqué une onde de choc politique et symbolique. Dans une région marquée par la multiplication des putschs depuis 2020, l’épisode béninois a rappelé que même les États considérés comme institutionnellement solides ne sont pas à l’abri de dérives militaires ou de fractures internes.
Les autorités ont renforcé les mesures sécuritaires et insisté sur la nécessité de préserver l’ordre constitutionnel. Cette tentative avortée a aussi ravivé le débat sur les tensions politiques internes, les réformes constitutionnelles passées et le rapport entre pouvoir exécutif et opposition. 2025 restera pour le Bénin une année d’alerte démocratique, de loin une rupture, mais révélatrice d’un climat régional instable.
Guinée : l’élection de Mamady Doumbouya, entre retour à l’ordre constitutionnel et contestations
En Guinée, l’année 2025 a été marquée par l’élection présidentielle remportée par le général Mamady Doumbouya, ancien chef de la junte arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2021. Présentée par les autorités comme l’aboutissement du processus de transition, cette élection s’est tenue dans un climat de fortes tensions politiques. Si les résultats provisoires ont confirmé la victoire du Président sortant, l’opposition et une partie de la société civile ont dénoncé un scrutin manquant de transparence et d’inclusivité.
Pour ses partisans, ce vote symbolisait néanmoins le retour formel à un ordre constitutionnel après plusieurs années de gouvernance militaire. L’année 2025 aura consacré la transformation d’un chef de transition en Président élu, une trajectoire observée avec attention dans toute l’Afrique de l’Ouest. Le cas guinéen est la preuve tangible des ambiguïtés des transitions post-coup d’État, qui oscillent entre normalisation institutionnelle et maintien d’un pouvoir fortement centralisé.
Mali : protestations populaires et durcissement du régime
Au Mali, 2025 a été une année de fortes tensions sociales et politiques. Des manifestations d’ampleur ont éclaté à Bamako et dans plusieurs villes du pays, en réaction à la dissolution de partis politiques et à la prolongation de la transition militaire. Les autorités ont justifié ces décisions par la nécessité de préserver la stabilité et de refonder l’État, tandis que les opposants y ont vu une confiscation durable du pouvoir.
La répression des protestations et les restrictions imposées à l’espace politique ont accentué les divisions au sein de la société malienne. Ces événements ont confirmé l’enracinement d’un modèle de gouvernance autoritaire, soutenu par un discours souverainiste et sécuritaire. En 2025, le Mali s’est ainsi imposé comme l’un des symboles des recompositions politiques post-démocratiques au Sahel.
Sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO : rupture historique
L’un des faits politiques marquants de 2025 reste la sortie officielle du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette décision sans précédent a marqué une rupture profonde dans l’histoire de l’intégration régionale ouest-africaine. Les trois pays, dirigés par des régimes militaires, ont dénoncé des sanctions jugées injustes et une ingérence politique de l’organisation régionale.
Leur retrait a consacré l’échec des mécanismes traditionnels de pression diplomatique et ouvert une période d’incertitude institutionnelle. En rétrospective, cette sortie a redéfini les équilibres régionaux, fragilisé la CEDEAO et renforcé l’idée d’un bloc sahélien cherchant à suivre une voie politique alternative. Elle a également posé la question de l’avenir de l’intégration économique et sécuritaire en Afrique de l’Ouest.
Somaliland reconnu par Israël : une crise diplomatique dans la Corne de l’Afrique
La reconnaissance du Somaliland par Israël, en 2025, a déclenché une crise diplomatique d’envergure avec la Somalie. Cette décision a ravivé le débat sur le statut international de cette région autoproclamée indépendante depuis 1991, mais jamais reconnue par la communauté internationale. Pour Mogadiscio, cette reconnaissance a été perçue comme une atteinte directe à la souveraineté somalienne.
Elle a suscité de vives réactions diplomatiques et renforcé les tensions dans une région déjà fragilisée par des conflits et des rivalités géopolitiques. En rétrospective, cet épisode est une nouvelle preuve de l’internationalisation grandissante des enjeux africains et la manière dont des décisions extérieures peuvent reconfigurer des équilibres locaux sensibles, notamment dans la Corne de l’Afrique.
7ème Sommet UE-UA à Luanda : relance du partenariat Afrique-Europe
L’année 2025 a également été marquée par la tenue du 7ème sommet Union européenne–Union africaine à Luanda. Cette rencontre a symbolisé une volonté commune de relancer un partenariat stratégique mis à l’épreuve par les crises internationales et les tensions géopolitiques. Les discussions ont porté sur la paix et la sécurité, la transition énergétique, l’investissement et la gouvernance mondiale.
Si les divergences sont restées nombreuses, le sommet a permis de réaffirmer l’importance du dialogue intercontinental. Dans une perspective rétrospective, ce sommet a marqué le retour de l’Afrique au cœur des priorités diplomatiques européennes, mais aussi la volonté des dirigeants africains de négocier sur un pied d’égalité.
G20 à Johannesburg : l’Afrique au centre de la gouvernance mondiale
Pour la première fois de son histoire, le G20 s’est tenu sur le sol africain, à Johannesburg. Cet événement a constitué un moment symbolique fort pour le continent, affirmant sa place dans la gouvernance économique mondiale. Toutefois, l’absence de certains grands dirigeants internationaux a suscité des critiques et relativisé la portée politique du sommet.
Les débats ont néanmoins mis en avant les priorités africaines, notamment le financement du développement et la réforme des institutions internationales. Notons que le G20 de Johannesburg restera comme une étape importante, marquant une reconnaissance accrue du rôle stratégique de l’Afrique sur la scène mondiale.
Union africaine : une nouvelle direction à la Commission
Enfin, 2025 a vu l’élection d’un nouveau président de la Commission de l’Union africaine, originaire de Djibouti. Ce changement de leadership est intervenu dans un contexte de fortes attentes quant au rôle de l’UA face aux crises politiques et sécuritaires du continent. Cette élection a symbolisé la volonté de renouvellement institutionnel, tout en posant la question de l’efficacité réelle de l’organisation continentale.
En rétrospective, elle incarne les espoirs et les limites de la gouvernance panafricaine à l’heure des recompositions politiques. Rétro-2025- Politique et gouvernance révèle une Afrique traversée par des dynamiques contradictoires : quête de souveraineté, fragilités démocratiques, ruptures régionales et ambitions diplomatiques globales.





