RDC : la société civile juge le gouvernement Suminwa II en décalage avec les attentes des Congolais


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Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC
Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC

La publication, vendredi 8 août, de la nouvelle composition du gouvernement dirigé par Judith Suminwa Tuluka, a suscité de vives réactions au sein de la société civile congolaise. Le Conseil suprême de la société civile de la RDC a exprimé sa « profonde déception », estimant que le remaniement ne reflète pas le renouveau espéré par la population.

Dans une déclaration rendue publique à Kinshasa, le président national du Conseil suprême de la société civile, Carlos Mupili, a dénoncé « la reconduction d’un grand nombre de ministres sans bilan convaincant », jugeant que les choix opérés par le chef de l’État et la Première ministre « trahissent les attentes des Congolais ».

L’incompétence « récompensée » et « la méritocratie envoyée à la morgue »

« Alors que la nation traverse une période critique, marquée par une crise sécuritaire persistante dans l’est, une pauvreté généralisée, un système éducatif fragile, une injustice sociale, l’absence d’infrastructures de transport, des services de santé précaires et une administration défaillante, la population espérait un gouvernement porteur d’espoir, construit sur la méritocratie, l’intégrité et la compétence », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’incompétence a été « récompensée » et « la méritocratie envoyée à la morgue ». Tout en saluant le maintien de certains ministres comme Jean-Pierre Lihau de la Fonction publique, Thérèse Kayikwamba Wagner des Affaires étrangères, Julien Paluku du Commerce extérieur, Thérèse Sombo de l’Enseignement supérieur, Guy Kabombo Mwadiamvita de la Défense, et l’entrée d’Adolphe Muzito, le responsable associatif a estimé que la reconduction de profils jugés inefficaces équivaut à « signer l’acte de décès de la bonne gouvernance ».

Le Conseil suprême de la société civile a également pointé du doigt une « tendance dangereuse » consistant, selon lui, pour certains membres du gouvernement, à masquer leur bilan en recourant à des discours populistes, notamment par des attaques répétées contre l’ancien Président Joseph Kabila. « Insulter l’ex-chef de l’État ne remplace pas l’action concrète », a martelé Carlos Mupili.

Appel à rompre avec les logiques politiciennes

L’organisation exhorte la Première ministre à « se détacher des logiques politiciennes » et à assumer pleinement son rôle de coordination gouvernementale pour impulser de véritables réformes.

De son côté, Judith Suminwa Tuluka a présenté sa reconduction comme « une source de motivation face à l’immensité des défis », dans un contexte marqué par « l’agression rwandaise ». Dans un communiqué de la Primature, elle a remercié les ministres sortants, félicité les reconduits et accueilli les nouveaux entrants, les invitant à « faire preuve de sacrifice, de dignité et de rigueur ».

Le gouvernement Suminwa II, qui conserve plusieurs figures de l’équipe précédente, est chargé de mettre en œuvre le Programme d’actions du gouvernement 2024-2028, adopté par l’Assemblée nationale. Mais pour la société civile, l’heure n’est plus aux discours : « Les Congolais attendent des résultats, pas des promesses », a conclu Carlos Mupili.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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