Madagascar : Andry Rajoelina dénonce une « tentative de prise du pouvoir illégale » après le ralliement de soldats aux manifestants


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Andry Rajoelina
Andry Rajoelina

Le président malgache Andry Rajoelina a dénoncé une tentative de coup de force après le ralliement d’une unité de l’armée aux manifestants à Antananarivo.

Le président malgache Andry Rajoelina a affirmé, ce dimanche 12 octobre, qu’une tentative de prise du pouvoir « illégale et par la force » était en cours à Madagascar, au lendemain du ralliement d’un contingent de soldats aux manifestants antigouvernementaux à Antananarivo.

Une situation de plus en plus explosive

Depuis le 25 septembre, le pays est secoué par un mouvement de contestation initié par le collectif Gen Z, né de la colère contre les coupures d’eau et d’électricité. La mobilisation, d’abord sociale, s’est transformée en crise politique majeure.

Ce samedi 11 octobre, une unité du CAPSAT (Corps d’administration des personnels et des services techniques) a rejoint les milliers de manifestants dans la capitale, appelant les forces de sécurité à désobéir aux ordres de tirer sur la population.

Dans un communiqué, la présidence a dénoncé une tentative de « prise du pouvoir illégale et contraire à la Constitution », accusant les militaires mutins de chercher à renverser les institutions.

Des militaires en désobéissance ouverte

Avant leur entrée dans la ville, les soldats du CAPSAT, basés à Soanierana, avaient publié un message appelant leurs pairs à « protéger les civils » et à refuser la répression. Une référence directe aux violentes manifestations des 25 et 26 septembre, qui ont fait au moins 22 morts selon l’ONU, bien que le président Rajoelina évoque 12 victimes, qualifiées de « casseurs ».

Les mutins ont ensuite pénétré dans la capitale à bord de véhicules militaires, acclamés par la foule rassemblée sur la place du 13-Mai, symbole historique des luttes populaires malgaches. Des affrontements ont brièvement opposé soldats et gendarmes avant que les militaires ne prennent position au cœur d’Antananarivo.

Un pouvoir fragilisé mais toujours en place

Face à cette escalade, le Premier ministre Ruphin Zafisambo, nommé après le remaniement du 6 octobre, a assuré que le gouvernement « se maintient fermement » et reste prêt à « écouter toutes les forces : les jeunes, les syndicats et l’armée ». Le général a toutefois reconnu la gravité de la situation : « Madagascar ne pourra pas résister à d’autres crises si cette division entre les citoyens persiste. »

La présidence, de son côté, a tenu à préciser que le chef de l’État n’avait pas quitté le pays, contrairement aux rumeurs, et qu’il « continue de gérer les affaires nationales ».

Le spectre de 2009 plane sur la crise

Cette mutinerie militaire rappelle celle de 2009, lorsque des soldats du CAPSAT s’étaient déjà insurgés contre le régime de Marc Ravalomanana, ouvrant la voie à l’arrivée au pouvoir d’un jeune Andry Rajoelina, alors maire de la capitale. Seize ans plus tard, c’est désormais le même corps d’armée qui se dresse contre son ancien leader, illustrant la fragilité chronique du pouvoir civil à Madagascar.

La communauté internationale, encore prudente, appelle au calme et au dialogue. Les Nations unies redoutent une déstabilisation durable dans un pays déjà confronté à une crise économique, sociale et institutionnelle profonde.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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