
Le retrait discret de l’Érythrée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026 a eu un effet domino inattendu. En se retirant avant même le début de la campagne, le petit État de la Corne de l’Afrique a déséquilibré tout le dispositif des qualifications africaines, contraignant la CAF à revoir le mode de calcul des meilleures deuxièmes. Et ce simple ajustement pourrait bien faire le bonheur du Cameroun et le malheur de la RDC ou du Burkina Faso.
Pourquoi l’Érythrée s’est retirée
C’est en novembre 2023 que la Fédération érythréenne de football a annoncé son retrait officiel, redoutant que plusieurs joueurs profitent des déplacements pour fuir le pays et demander l’asile à l’étranger — un phénomène déjà observé par le passé lors de tournois internationaux.
La FIFA et la CAF ont donc acté la suppression pure et simple de tous les matchs impliquant l’Érythrée dans le groupe E, laissant les cinq autres équipes (Maroc, Tanzanie, Congo, Niger et Zambie) dans une poule amputée d’un concurrent.
Ce retrait pose une difficulté technique : dans une compétition qui compte neuf groupes de six équipes, comment comparer les deuxièmes quand l’un d’eux ne joue que dix matchs au lieu de douze ?
Une règle de compensation qui redistribue les cartes
Pour rétablir l’équité, la CAF a décidé que, lors de l’établissement du classement des meilleures deuxièmes, celles qui viseront les barrages pour le dernier ticket africain au Mondial, les résultats obtenus contre la dernière équipe de chaque groupe seraient neutralisés.
En d’autres termes, seules les rencontres disputées contre les cinq meilleures nations de chaque poule seront prises en compte.
Sur le papier, la mesure semble juste. Dans les faits, elle rebat complètement les cartes. Les équipes qui avaient engrangé des points précieux face à des adversaires faibles voient leur avance fondre, tandis que celles qui avaient trébuché contre ces mêmes équipes s’en sortent mieux.
Les gagnants : Cameroun et Nigeria respirent
Le Cameroun, mal embarqué dans son groupe, pourrait être l’un des grands bénéficiaires de cette réforme. Les Lions indomptables avaient concédé des points précieux mais face à des nations de haut niveau. En excluant les résultats contre les “petits”, la CAF rend leur parcours plus compétitif.
Même scénario pour le Nigeria, qui avait peiné face à des équipes modestes comme le Zimbabwe. En supprimant ces rencontres du calcul, les Super Eagles se retrouvent mécaniquement mieux classés dans la hiérarchie des meilleurs deuxièmes.
Ces ajustements redonnent un souffle à des sélections prestigieuses, encore en quête d’une qualification directe ou d’une place pour les barrages continentaux.
Les perdants : RDC, Burkina Faso et Madagascar voient rouge
À l’inverse, certaines équipes risquent de payer cher cette harmonisation. La RDC, qui avait réalisé d’importants cartons face à des adversaires de bas de tableau, pourrait perdre quatre à six points sur le plan comptable, ce qui la ferait chuter dans la course aux barrages.
Le Burkina Faso, solide face aux équipes modestes mais irrégulier contre les grandes, est lui aussi menacé de rétrogradation. Même punition pour Madagascar, qui avait construit sa différence de buts sur des victoires faciles face aux derniers de groupe.
Autrement dit, le retrait d’une équipe d’Afrique de l’Est pourrait coûter la qualification à plusieurs nations d’Afrique centrale ou australe.
Une chose est sûre : pour le Cameroun ou le Nigeria, ce retrait inattendu ouvre une brèche. Pour la RDC ou le Burkina Faso, il pourrait au contraire signifier la fin d’un rêve mondialiste.