RDC : Corneille Nangaa accueille Joseph Kabila qui rejoint l’AFC/M23 à Goma, colère du camp Tshisekedi


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Félix Tshisekedi et Corneille Nangaa
Félix Tshisekedi et Corneille Nangaa

L’ancien Président congolais Joseph Kabila a officiellement effectué une descente remarquée à Goma, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), selon des sources concordantes issues de son entourage et du groupe politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), allié du mouvement rebelle M23. Ce retour, qui marque une réapparition politique de l’ex-chef de l’État, suscite déjà une forte controverse dans le climat tendu que connaît actuellement la RDC.

Un retour organisé et symbolique

Après une longue période de silence et d’exil volontaire en Afrique australe, Joseph Kabila avait annoncé, le 23 mai, son intention de se rendre à Goma. Sans révéler de détails logistiques, son déplacement s’est concrétisé dans la nuit du 25 au 26 mai. Son entourage rapporte qu’il a transité par un pays d’Afrique de l’Est, puis par Kigali, avant de rejoindre Goma via Gisenyi, au Rwanda. Il a été accueilli sur place par Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC/M23, qui a salué ce retour comme un « bon choix », opposé à une forme de « d’exil forcé ».

Ce retour à Goma, une ville hautement stratégique et théâtre de tensions récurrentes liées au conflit dans l’Est, est perçu comme un signal fort, surtout compte tenu de la proximité de l’AFC/M23 avec des mouvements armés actifs dans la région. Cette arrivée alimente l’hypothèse d’une alliance politique assumée entre Kabila et ces groupes en opposition au pouvoir central.

Une mission affichée : lutter contre la « dictature »

Dans son discours en ligne du 23 mai, Kabila avait justifié son retour par un engagement contre ce qu’il qualifie de « dictature » instaurée par son successeur, Félix Tshisekedi. Il affirme vouloir œuvrer pour la paix et rencontrer des personnalités politiques et de la société civile. Emmanuel Ramazani Shadary, cadre du PPRD, le parti fondé par Kabila, a insisté sur cette dimension pacificatrice de la visite.

Cependant, aucun programme précis n’a été communiqué. Néanmoins, des réunions sont prévues avec Corneille Nangaa et une équipe restreinte afin de coordonner les prochaines étapes. Le message de l’AFC/M23 est clair : les portes de Goma sont désormais « grandes ouvertes » pour toute figure politique désireuse de s’exprimer dans un « esprit républicain ».

Une riposte immédiate du camp présidentiel

La sortie médiatique de Joseph Kabila et sa présence à Goma ont provoqué une réponse musclée du parti présidentiel, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS). Le 25 mai, le parti a organisé une contre-offensive au siège de l’UDPS, avec projections de reportages sur les violences sous le régime Kabila et témoignages de victimes. Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a lancé des accusations graves, qualifiant Kabila de « géniteur du M23 » et de responsable de « 18 ans de chaos » en RDC.

Il a également remis en cause la légitimité même de Kabila à parler de démocratie, évoquant des scandales de corruption, des violations des droits humains, et allant jusqu’à l’accuser d’avoir été un « Rwandais imposé à la tête de la RDC ». Kabuya a aussi répondu aux accusations de tribalisme formulées par Kabila, réfutant toute concentration de pouvoir autour des originaires du Kasaï, région d’origine de Tshisekedi, et rejetant en bloc tout discours de division.

Un « homme du passé » selon le gouvernement

Le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, est allé dans le même sens. Dans une allocution télévisée, il a décrit Kabila comme un « homme du passé », incapable d’offrir des solutions viables aux problèmes actuels du pays. Selon lui, le régime de Kabila est responsable des défis que l’actuel gouvernement tente de résoudre aujourd’hui. Il a dénoncé les contradictions de l’ancien Président et jugé son retour nuisible pour la stabilité nationale.

Muyaya a insisté sur le fait que la population congolaise était bien consciente du bilan de Joseph Kabila et pouvait juger de ses actes passés. Pour lui, la sortie de Kabila ne fait que fragiliser davantage ce qui aurait pu être considéré comme des acquis de son mandat, un geste qualifié de regrettable. Ce retour de Joseph Kabila à Goma, en lien apparent avec l’AFC/M23, relance les tensions politiques dans un pays déjà en proie à une insécurité persistante à l’Est.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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