RDC : évacuation historique à Goma, retrait militaire et nouvelle crise humanitaire


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Armée RDC
Armée congolaise

Au moins 1 300 militaires et policiers congolais désarmés ont été évacués vers Kinshasa grâce à une opération coordonnée par la MONUSCO et le CICR. Ces hommes étaient réfugiés après la prise de Goma par le M23. Malgré un contexte sécuritaire tendu, l’évacuation a mobilisé d’importants moyens logistiques. Cette action humanitaire a permis leur protection, leur prise en charge et un retour vers leurs familles.

Plus de 1 300 militaires et policiers congolais désarmés, réfugiés dans les bases de la MONUSCO à Goma, ont été évacués vers Kinshasa. Cette opération, d’une ampleur logistique exceptionnelle, a été menée par la Mission des Nations unies en RDC (MONUSCO), en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L’objectif : garantir la sécurité de ces personnels qui avaient fui après la prise de Goma par les rebelles du M23 fin janvier.

Intervention du CICR et de la MONUSCO

Le transport a nécessité huit convois terrestres, 46 vols en hélicoptère et 23 trajets aériens. Le CICR, agissant comme médiateur neutre, a joué un rôle clé dans la réussite de cette mission particulièrement délicate, traversant des zones encore sous tension armée. Vivian van de Perre, cheffe par intérim de la MONUSCO, a salué la mobilisation jour et nuit des équipes dans un contexte opérationnel complexe.

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Mirjana Spoljaric, présidente du CICR, a souligné l’importance du rôle d’intermédiaire neutre dans les conflits armés et exprimé l’espoir que cette initiative pave la voie à d’autres opérations humanitaires. Pendant plus de trois mois, les militaires et policiers réfugiés ont reçu hébergement, soins médicaux et nourriture au sein des installations onusiennes. L’opération humanitaire permet désormais à ces personnes de retrouver leurs familles, tout en réduisant les tensions à Goma.

Le flux migratoire vers le Burundi s’intensifie

En parallèle, une autre crise se dessine. Le 19 février 2025, le ministre burundais de l’Intérieur, Martin Niteretse, a confirmé l’arrivée de centaines de policiers congolais réfugiés au Burundi. Ces derniers fuient l’insécurité persistante dans l’Est de la RDC. Le pays voisin accueille déjà plus de 25 000 réfugiés congolais, principalement dans la province de Cibitoke et la commune de Gihanga. Le Burundi, lié à la RDC par un accord de coopération militaire signé en 2023, a déployé environ 10 000 soldats pour combattre le M23.

Ce soutien militaire place le Burundi en première ligne face à une crise régionale qui s’aggrave de jour en jour. Le M23 (Mouvement du 23 mars), initialement vaincu en 2013, a repris les armes en 2022 et contrôle désormais plusieurs zones stratégiques dans le Nord-Kivu. Kinshasa qualifie le M23 de groupe terroriste et refuse toute négociation. Le gouvernement congolais accuse fermement le Rwanda de soutenir militairement ce mouvement pour exploiter les ressources minières de la région.

Retrait de la SADC : un revers militaire et politique

Le Rwanda, de son côté, nie toute implication et affirme que le M23 est une organisation congolaise. Ce différend alimente une crise diplomatique profonde entre les deux pays voisins, exacerbant le conflit dans l’Est congolais. Déployée en décembre 2023 sous l’initiative SAMIDRC, la force régionale de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) commence son retrait progressif après l’échec de sa mission à enrayer la progression du M23. Ce retrait intervient après la perte de Goma et Bukavu, et la mort de 18 soldats, dont 14 Sud-Africains.

Ce départ, annoncé lors d’un sommet de la SADC en mars, est vécu comme un échec stratégique. Il fragilise davantage la position du Président Félix Tshisekedi, qui envisage désormais une relance des processus de paix de Luanda et de Nairobi, avec l’appui possible de l’Angola. Dans ce contexte tendu, l’ancien Président Joseph Kabila a appelé à une solution exclusivement congolaise. Il propose le retrait de toutes les forces étrangères, comme en 2001, et plaide pour une approche politique, sociale et morale du conflit. Il critique notamment l’intervention sud-africaine, qu’il juge inefficace, et appelle à une réponse panafricaine.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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