RDC, après la tempête Kamerhe, Boji promet un Parlement apaisé et réformé


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Aimé Boji, nouveau président de l'Assemblée nationale de la RDC
Aimé Boji, nouveau président de l'Assemblée nationale de la RDC

L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a un nouveau président. Le député Aimé Boji Sangara Bamanyirue a été élu, jeudi soir, à la tête de la Chambre basse du Parlement, lors d’une plénière tenue au Palais du Peuple. Une élection sans suspense, mais riche en symboles politiques au sein de l’Union sacrée.

Le nom du successeur de Vital Kamerhe qui a démissionné du perchoir de l’Assemblée nationale congolaise est désormais connu. Il s’agit d’Aimé Boji Sangara Bamanyirue, précédemment ministre de l’Industrie dans le gouvernement Suminwa II.

Un plébiscite parlementaire

Sur les 423 députés votants, Aimé Boji a obtenu 413 voix, contre 10 bulletins nuls, soit l’un des scores les plus élevés enregistrés dans l’histoire récente de l’institution. L’annonce a été faite par Jean-Claude Tshilumbayi, président intérimaire de l’Assemblée, rappelant que le vote s’était déroulé conformément à l’article 28 du règlement intérieur.

Il succède à Vital Kamerhe, démissionnaire depuis le 22 septembre après une pétition signée par 262 députés exigeant son départ. Lors de la même séance, l’opposition a obtenu un siège au Bureau : Clotilde Mutita Kalunga a été élue rapporteur adjointe, avec 389 voix sur 424 votants.

Une ascension politique méthodique

Âgé de 57 ans, Aimé Boji n’est pas un inconnu de la scène politique congolaise. Né le 8 janvier 1968 à Kabare (Sud-Kivu), fils de l’ancien gouverneur Dieudonné Boji, il s’inscrit dans une tradition politique familiale. Diplômé du Collège Alfajiri, puis formé au Royaume-Uni (Oxford Brookes University et University of East Anglia), Boji a fait de l’économie du développement son domaine d’expertise.

Élu député national pour la première fois en 2006, il a été réélu en 2011 et en 2023 sous les couleurs de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). Son parcours ministériel est dense : ministre du Commerce extérieur (2016), ambassadeur itinérant (2019), ministre d’État en charge du Budget (2021–2025), ministre de l’Industrie dans le gouvernement Suminwa II (août 2025). Le 21 octobre, il quitte le gouvernement pour regagner son siège au Parlement et se porter candidat. Une stratégie gagnante.

« Replacer le député au cœur de l’action parlementaire »

Sitôt élu, Aimé Boji a détaillé les grandes orientations de son mandat. Sa priorité : redonner à chaque député sa place et son rôle, quelle que soit son appartenance politique. « Chaque député, qu’il soit de la majorité ou de l’opposition, doit être respecté et considéré », a-t-il martelé.

Son programme se structure autour de trois axes. Il y a d’abord l’amélioration des conditions de travail des députés. Cet axe se structure autour de trois principaux points : participation équitable aux missions, distribution équilibrée de la parole en plénière, rémunération régulière. Le deuxième axe concerne la modernisation de l’Assemblée nationale. Sur ce point, Aimé Boji promet de numériser le processus législatif, d’impulser une gestion administrative et financière transparente, et de lancer un programme permanent de formation parlementaire. Enfin, le troisième axe est relatif à la réforme du Palais du Peuple (le siège du Parlement). Le nouveau président prévoit l’assainissement et l’embellissement du bâtiment, la modernisation des contrôles d’accès et une meilleure reconnaissance du personnel administratif et des assistants parlementaires.

Lire : Démission de Vital Kamerhe : Félix Tshisekedi entre loyauté affichée et calcul politique

Un message d’unité et de loyauté politique

Dans son discours, Aimé Boji a rendu hommage à deux figures centrales du pouvoir actuel : le Président Félix Tshisekedi, qu’il a qualifié de « haute autorité de référence de l’Union sacrée », et Vital Kamerhe, son prédécesseur, salué pour « le travail accompli ».

Fort de son expérience gouvernementale, Boji promet un contrôle parlementaire rigoureux mais apaisé, fondé sur un dialogue institutionnel respectueux entre l’exécutif et le législatif. Réputé technocrate méthodique, Aimé Boji est présenté par ses proches comme un homme d’État soucieux de transparence, consensus et efficacité. Son passage au Budget a marqué la période Tshisekedi par une discipline financière renforcée. À l’Industrie, il défendait une vision de modernisation productive du pays.

Son élection à la tête de l’Assemblée nationale a lieu dans un contexte politique sensible, marqué par la recomposition interne de l’Union sacrée et la nécessité de restaurer la confiance au sein de l’institution.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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