RDC : plutôt que d’être destitué, Vital Kamerhe a préféré démissionner


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Vital Kamerhe, Président de l'Assemblée nationale de RDC
Vital Kamerhe, Président de l'Assemblée nationale de RDC

Coup de tonnerre sur la scène politique congolaise ! Vital Kamerhe a annoncé ce lundi sa démission du poste de président de l’Assemblée nationale.

La décision du leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) a été précipitée par une fronde parlementaire matérialisée par plusieurs pétitions, principalement initiées par des députés de l’UDPS et d’autres formations alliées, l’accusant de mauvaise gestion et de blocage du contrôle parlementaire.

Une pression devenue intenable

Depuis quelques jours, l’ancien directeur de cabinet du Président Félix Tshisekedi voyait son fauteuil vaciller. Une commission spéciale présidée par le député Peter Kazadi, composée de 22 membres, avait été chargée d’examiner cinq pétitions visant non seulement Vital Kamerhe, mais également quatre autres membres du bureau de l’Assemblée : Jacques Djoli (rapporteur), Dominique Munongo (rapporteure adjointe), Chimène Polipoli (questeur) et Grâce Neema (questeur adjoint).

Les accusations étaient lourdes : gestion opaque des fonds, dilapidation budgétaire, non-respect du règlement intérieur et même suspension abusive des soins médicaux destinés aux députés et à leurs familles. Malgré ses deux passages devant la commission, les 19 et 20 septembre, pour assurer sa défense, Vital Kamerhe n’a pas réussi à désamorcer la contestation.

Une sortie pour éviter l’humiliation

Ce lundi matin, alors que la plénière s’apprêtait à examiner le rapport de la commission Kazadi, Kamerhe a pris de court ses détracteurs en déposant sa démission auprès de la conférence des présidents. « Il a préféré quitter la table avant toute humiliation », confie un député proche du dossier. Sa décision évite ainsi un vote qui aurait nécessité la majorité absolue des 251 voix sur les 500 députés pour entériner sa destitution.

La séance plénière, convoquée par le premier vice-président Isaac Tshilumbayi, s’est tenue dans une atmosphère lourde. Celui-ci assure désormais l’intérim à la tête de la Chambre basse, en attendant l’élection d’un nouveau bureau.

Une lecture politique de la crise

Si les pétitionnaires mettent en avant des griefs liés à la gouvernance interne, plusieurs analystes estiment que cette démission traduit avant tout une lutte de pouvoir au sein de l’Union sacrée. « L’UDPS cherchait à renforcer son contrôle sur l’Assemblée nationale, et la chute de Kamerhe s’inscrit dans cette logique », explique un observateur politique de Kinshasa.

Pour d’autres, cette crise illustre les tensions latentes entre les différentes composantes de la coalition présidentielle, où rivalités personnelles et ambitions électorales prennent souvent le pas sur la cohésion politique.

Quelles perspectives pour l’Assemblée nationale ?

La vacance créée par le départ de Vital Kamerhe ouvre une nouvelle séquence d’incertitudes. D’un côté, la majorité devra rapidement désigner un nouveau président du bureau, gage de stabilité institutionnelle. De l’autre, l’opinion publique s’interroge déjà sur l’impact de cette crise sur les débats parlementaires et la crédibilité de l’institution, déjà fragilisée par les accusations d’opacité et de clientélisme.

Au-delà du cas Kamerhe, cette affaire relance également le débat sur la réforme des institutions et la lutte contre l’impunité, dans un contexte où la gouvernance reste un sujet sensible en RDC.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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