
Cinq ans après Imagine, WeeLye revient avec TIKA, un titre en lingala qui célèbre le lâcher-prise et la résilience. Entre pop, folk et sonorités afro, la chanteuse poursuit son chemin singulier, nourri d’un riche héritage musical congolais et de rencontres marquantes avec des artistes comme Erykah Badu ou Keziah Jones.
WeeLye a grandi bercée par les échos de l’OK Jazz et de Zaïko Langa Langa, deux monuments de la rumba congolaise auxquels sa famille a directement contribué. Pourtant, WeeLye ne cherche pas à reproduire cet héritage : elle le prolonge, le réinvente, le fait dialoguer avec ses propres errances entre Kinshasa, Paris et New York. Avec TIKA « laisser » en lingala —, l’artiste franco-congolaise signe un retour habité, porté par une voix qui sait dire l’intime pour toucher à l’universel. Rencontre avec une musicienne en quête permanente de sincérité.
« TIKA » marque ton grand retour après Imagine, sorti il y a cinq ans. Qu’est-ce qui a nourri ce nouveau titre, à la fois intime et universel ?
WeeLye : TIKA est né d’un temps de silence nécessaire. Après Imagine, j’ai eu besoin de vivre, de traverser, d’observer. Ce titre parle du lâcher-prise, du courage de déposer ce qui pèse pour continuer à avancer. Il est très intime parce qu’il est nourri de mon vécu, mais universel parce que la douleur, la résilience et la transformation font partie de l’expérience humaine. TIKA signifie « laisser », et pour moi, c’est presque une prière, une invitation à se libérer pour renaître.
Tu chantes en lingala, dans un univers musical mêlant pop, folk et afro. Comment travailles-tu ce métissage sonore et linguistique dans ta création ?
WeeLye : Ce métissage est très naturel pour moi. Je ne le calcule pas, je le vis. Le lingala et le français cohabitent parce que ce sont les langues qui m’habitent. Musicalement, je laisse mes influences dialoguer librement : la pop pour l’accessibilité, la folk pour l’intimité, l’afro pour les racines et le rythme. Je ne cherche pas l’équilibre parfait, je cherche la sincérité. Quand tout se rejoint au bon endroit, je sais que le morceau est juste.
Dans « TIKA », tu évoques l’idée de transformer la douleur en force. Peux-tu nous parler du rôle que jouent tes racines et les conseils de ta mère dans ton chemin artistique ?
WeeLye : Mes racines sont mon socle. Elles m’ont appris à ne pas se laisser dévorer par les énergies destructrices et négatives, celles qui peuvent nous éloigner de notre destinée, de notre véritable chemin, celui qui est fait pour nous. Ma mère m’a transmis cette sagesse essentielle : rester alignée, quoi qu’il arrive, et ne jamais perdre de vue l’essentiel.
TIKA est un hommage à cette sagesse maternelle, à cette force intérieure qui invite à déposer le poids du passé pour continuer à avancer. La musique est devenue pour moi un espace de transformation et de guérison, autant intime que collective.
Tu as chanté en première partie d’artistes comme Erykah Badu ou partagé la scène avec Keziah Jones. Qu’ont représenté ces rencontres dans ton évolution artistique ?
WeeLye : Ces rencontres ont été profondément marquantes. J’ai énormément appris à leur contact, et cela influence encore aujourd’hui ma manière de travailler et de créer. Ce qui m’a frappée chez eux, au-delà du talent, c’est cette liberté totale. Une liberté rare, belle à voir, où chacun assume pleinement sa singularité.
J’ai passé des heures à chanter sur les morceaux d’Erykah Badu, à m’entraîner, à décortiquer les arrangements, les signatures vocales. Ces artistes m’ont confirmé qu’on pouvait être profondément soi-même et toucher l’universel. Ça a été une véritable claque artistique, qui continue de nourrir mon travail aujourd’hui.
Après Kinshasa, Paris et New York, comment vois-tu ton avenir musical ? As-tu déjà en tête un album, de nouvelles scènes, ou d’autres projets à venir ?
WeeLye : Je me vois toujours en mouvement. Mon désir est que la musique continue de voyager, de s’exporter encore plus loin. Il y a clairement l’idée d’un projet plus large qui se dessine, avec de nouveaux titres, de nouvelles scènes, et des rencontres à venir. Je prends le temps de construire quelque chose de cohérent, fidèle à qui je suis aujourd’hui, sans précipitation.
Tu viens d’une famille profondément ancrée dans la musique congolaise, avec une tante dans l’OK Jazz et un oncle dans Zaïko Langa Langa. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur cet héritage, et en quoi ton enfance en RDC a-t-elle façonné ton rapport à la musique ?
WeeLye : Je n’ai pas grandi en RDC, mais le lien n’a jamais été rompu. J’ai de très fortes attaches avec le Congo, je parle et chante parfaitement en lingala, et je porte et défend haut et fort cette culture magnifique.
Cet héritage est une immense richesse et aussi une responsabilité. Même à distance, la musique a toujours été présente : les histoires, les sons, la transmission familiale. Je ne cherche pas à reproduire cet héritage, mais à le prolonger autrement. À travers ma musique, je construis un pont entre cette histoire, mes racines, et mon propre langage artistique d’aujourd’hui.




