
La trêve aura été de courte durée dans le Sud-Kivu. Alors que les rebelles du M23/AFC avaient annoncé leur départ de la ville stratégique d’Uvira sous la pression de Washington, les combats ont repris avec intensité ce lundi. Opposant les insurgés aux groupes d’autodéfense Wazalendo et aux FARDC, ces violences confirment les craintes de Kinshasa qui dénonce une manœuvre de diversion, plongeant à nouveau la population locale dans l’angoisse.
Un retrait jugé illusoire
Mercredi dernier, le commandement du M23 affirmait avoir entamé le retrait de ses troupes d’Uvira, citant une demande directe des États-Unis. Pourtant, sur le terrain, la réalité semble tout autre. Dans un communiqué publié samedi, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont qualifié cette annonce de « simple coup médiatique destiné à tromper l’opinion ».
Selon l’armée congolaise, non seulement des policiers et militaires rebelles en tenue civile sont restés positionnés dans la ville, mais le groupe armé aurait profité de cette fausse accalmie pour redéployer ses forces sur les hauteurs stratégiques surplombant la cité. L’armée affirme par ailleurs que des soldats rwandais et des combattants du M23, « déguisés » en civils ou en policiers, contrôlent toujours plusieurs quartiers clés.
La ville paralysée et la diplomatie en échec
Depuis lundi, les affrontements ont repris de plus belle, se concentrant sur les collines environnantes ainsi que dans les quartiers Sud et Sud-Ouest, s’étendant jusqu’aux abords du port de Kalundu, sur les rives du lac Tanganyika. Malgré une relative accalmie par moments, la population reste terrée chez elle et toutes les activités socio-économiques sont à l’arrêt.
Cette reprise des hostilités survient après une tentative controversée de l’AFC/M23 d’organiser des manifestations en sa faveur, une initiative vivement dénoncée par les Wazalendo et la société civile locale.
Ce nouveau cycle de violence marque un coup dur pour la diplomatie. Après la chute supposée de Goma en janvier et de Bukavu en février, le M23 avait lancé en décembre cette offensive vers la frontière burundaise. Cet assaut viole l’accord de paix récemment signé à Washington entre la RDC et le Rwanda, qui exigeait le retrait immédiat des rebelles d’Uvira, un verrou stratégique tant pour Kinshasa que pour Bujumbura.



