
Le climat politique s’échauffe à l’approche de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Le samedi 11 octobre 2025, une marche organisée par le « front commun » de l’opposition ivoirienne a été interdite par les autorités préfectorales. Rapidement dispersé par les forces de l’ordre, le rassemblement a conduit à l’interpellation de 710 personnes, selon le ministère de l’Intérieur. Depuis, d’importantes figures de l’opposition affirment être sous surveillance policière. Ce qui alimente les inquiétudes autour du respect des libertés démocratiques.
Une marche interdite et des interpellations massives
Le samedi 11 octobre 2025, une marche avait été organisée par le « front commun » de l’opposition, composé principalement du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) et du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Elle visait, selon les organisateurs, à protester contre les dérives autoritaires du pouvoir en place et d’exiger des garanties pour une élection présidentielle transparente et équitable en 2025. Mais les autorités préfectorales ont rapidement réagi en interdisant ce rassemblement.
Dans un arrêté publié la veille, les services administratifs ont justifié cette décision par l’absence de demande formelle préalable et les risques potentiels de troubles à l’ordre public. Malgré cette interdiction, des centaines de militants se sont mobilisés à Abidjan et dans d’autres grandes villes du pays. Les forces de sécurité sont intervenues de manière musclée, procédant à la dispersion des manifestants et à l’arrestation de 710 personnes, un chiffre confirmé par les autorités mais vivement contesté par les partis d’opposition, qui dénoncent une dérive répressive.
Des leaders de l’opposition sous surveillance
Depuis cette journée de mobilisation avortée, plusieurs cadres du PPA-CI et du PDCI dénoncent une surveillance policière persistante autour de leur domicile. Le président du Conseil stratégique et politique du PPA-CI, Justin Koné Katinan, serait ainsi visé par un important dispositif sécuritaire. Selon une source proche de l’opposant, ce dernier aurait quitté son domicile et se trouverait en lieu sûr.
Même constat du côté du PDCI. Noel Akossi Bendjo, coordinateur du parti, a vu sa résidence encerclée par les forces de l’ordre. Le PPA-CI, dans un communiqué publié dimanche, parle d’une « attaque violente » contre le domicile de Bendjo et dénonce « de graves atteintes aux libertés fondamentales ». Ces actions sont perçues par les partis d’opposition comme des tentatives d’intimidation visant à décourager toute mobilisation citoyenne.
Un climat politique tendu à l’approche de la Présidentielle
Le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, s’est également exprimé sur cette situation. Joint par la radio française RFI, il a rapporté que son domicile a été encerclé dans la nuit de dimanche par plusieurs dizaines de policiers. « Ils ont bloqué toutes les issues. Aucun mouvement n’était possible. Ils sont repartis sans un mot vers minuit », a-t-il déclaré. Affi N’Guessan soupçonne que cette opération nocturne soit une réponse à ses critiques publiques contre l’arrêté préfectoral interdisant la marche du 11 octobre. Pour lui, cette pression policière marque une nouvelle escalade dans la répression de l’opposition.
Ces événements surviennent dans un contexte de fortes tensions politiques à l’approche du scrutin présidentiel prévu en 2025. L’opposition ivoirienne multiplie les appels au dialogue et à la transparence, tout en dénonçant un climat sécuritaire délétère et une fermeture progressive de l’espace démocratique. La multiplication des interventions policières et les surveillances ciblées suscitent des inquiétudes au sein de la société civile et de la communauté internationale, qui suivent de près l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire. Des ONG locales appellent déjà à la libération des personnes interpellées et à une enquête indépendante sur les éventuelles violations des droits humains.
Vers un durcissement du pouvoir ?
Face à ces accusations, le gouvernement ivoirien reste pour l’instant silencieux sur les cas individuels évoqués. Le ministère de l’Intérieur a uniquement confirmé les interpellations liées à la marche interdite, sans commenter les allégations de surveillance des leaders politiques. Cette situation laisse craindre un durcissement progressif du régime, notamment à l’encontre de ses opposants les plus virulents. À huit mois de la Présidentielle, l’enjeu est de maintenir la stabilité sans verser dans l’autoritarisme, tout en garantissant des élections crédibles.