Côte d’Ivoire : deux cadres du PPA-CI placés en détention, le parti de Laurent Gbagbo dénonce un « harcèlement politique »


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Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo

La tension politique continue de monter en Côte d’Ivoire à quelques mois de l’élection présidentielle. Deux cadres du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Blaise Lasm et Nestor Dahi, ont été déférés ce lundi 30 septembre au Pôle pénitentiaire d’Abidjan (PPA) et placés sous mandat de dépôt. Leur inculpation pour des faits graves relance le débat sur la liberté d’expression et la place de l’opposition dans le paysage politique ivoirien.

À moins d’un mois de la Présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire, la tension ne baisse pas entre le pouvoir et l’opposition ivoirienne. Deux responsables du PPA-CI, le parti de Laurent Gbagbo ont été placés sous mandat de dépôt, lundi, chargés de lourdes accusations.

Des accusations lourdes de conséquences

Selon le parquet, les deux secrétaires généraux adjoints du PPA-CI sont poursuivis pour « atteinte à la sûreté de l’État », « provocation à l’insurrection », « troubles à l’ordre public » et « inobservation de la décision du Conseil constitutionnel ». Les autorités affirment fonder ces accusations sur une vidéo tournée lors d’une réunion de mobilisation à Yopougon, conduite par Nestor Dahi.

Pour la défense, représentée par Me Roselyne Serikpa, ces accusations ne reposent sur rien de sérieux. « Mon client n’a jamais appelé à l’insurrection. Il faisait son travail de mobilisation politique. Ce que la justice lui reproche, c’est surtout de s’opposer à un quatrième mandat du Président sortant Alassane Ouattara », a-t-elle dénoncé.

Le PPA-CI crie à la répression

Dans un communiqué officiel, le PPA-CI a fustigé une décision « arbitraire et injuste », qu’il qualifie de nouvel épisode d’une stratégie visant à museler l’opposition. « Cette incarcération illustre la volonté du régime de bâillonner les voix dissidentes et de réduire au silence ceux qui s’opposent aux dérives antidémocratiques du pouvoir », indique le texte.

Le parti fondé par Laurent Gbagbo exprime sa solidarité avec ses responsables emprisonnés et appelle ses militants et sympathisants à « rester mobilisés, vigilants et déterminés face à la répression ».

Harcèlement et surveillance dénoncés

La journée du 30 septembre a également été marquée par un incident au siège du PPA-CI. Des policiers ont été surpris en train de filmer clandestinement les locaux, une opération perçue par les responsables du parti comme un acte d’espionnage et d’intimidation. Justin Koné Katinan, ancien ministre et cadre du parti, ainsi que Damana Pickass, vice-président du Conseil stratégique et politique (CSP), ont immédiatement interpellé les agents sur place.

« Pendant que le régime multiplie les provocations, nos camarades sont arbitrairement maintenus en détention. Nous dénonçons ce climat de harcèlement politique et appelons à la fin des manœuvres policières », a martelé le PPA-CI.

Une opposition sous pression

Ces arrestations de militants de l’opposition viennent aggraver des tensions déjà vives. Quelques jours plus tôt, d’autres responsables du parti avaient déjà été convoqués par le procureur et avertis qu’ils seraient arrêtés au moindre « mouvement suspect » sur le territoire. Pour le PPA-CI, ces intimidations répétées s’inscrivent dans une stratégie visant à affaiblir le camp Gbagbo à l’approche d’un scrutin présidentiel où la candidature du Président sortant Alassane Ouattara pour un quatrième mandat fait déjà polémique.

En plaçant deux figures locales de la mobilisation en détention provisoire et en maintenant Marie-Odette Laurougnon, vice-présidente du parti, sous surveillance policière, le pouvoir ouvre un nouveau front de confrontation avec l’opposition. L’affaire Blaise Lasm et Nestor Dahi, au-delà de la procédure judiciaire, pourrait donc devenir un symbole du bras de fer entre le régime et le PPA-CI dans la lutte pour le contrôle de l’espace politique ivoirien.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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