Phénomènes météorologiques extrêmes récurrents au Maroc : des averses orageuses annoncées ce vendredi


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Des averses
Des averses

Le Maroc fait face à une intensification notable des phénomènes météorologiques extrêmes, reflet tangible du changement climatique en cours. Pluies torrentielles, tempêtes, vagues de chaleur ou chutes de neige inhabituelles deviennent de plus en plus fréquentes, affectant aussi bien les zones urbaines que rurales. Ces dérèglements impactent fortement les écosystèmes, les infrastructures et la vie quotidienne des populations.

Ce vendredi, la Direction Générale de la Météorologie (DGM) a lancé un bulletin d’alerte météorologique de niveau orange pour avertir la population de fortes averses orageuses accompagnées de rafales de vent. Ces intempéries, attendues entre 16h30 et 22h, concerneront les provinces de Sefrou, Ifrane, Boulemane et Midelt, situées dans le centre et le Moyen Atlas du Maroc. Selon la DGM, les cumuls de précipitations pourraient atteindre entre 20 et 30 mm en quelques heures, une quantité significative en si peu de temps, surtout dans des zones montagneuses sujettes aux glissements de terrain et aux crues soudaines.

Si cet épisode pluvieux peut sembler isolé, il s’inscrit pourtant dans un contexte plus large de multiplication des événements climatiques extrêmes au Maroc, notamment depuis la dernière décennie. L’analyse de ces événements passés permet de mieux comprendre les enjeux auxquels le Royaume est confronté face aux dérèglements climatiques. Le Maroc, bien que situé dans une région semi-aride, a toujours connu une certaine variabilité climatique.

Des événements météorologiques de plus en plus fréquents

Toutefois, depuis les années 2000, les épisodes de pluies diluviennes, de canicules, de vagues de froid ou de chutes de neige intenses semblent devenir plus fréquents et plus violents. Parmi les événements marquants des dernières années, on se souvient notamment les inondations de novembre 2014 dans le Sud du Maroc, qui avaient particulièrement touché les régions de Guelmim, Agadir, et Taroudant. Ces intempéries avaient causé la mort de plus de 30 personnes, détruit des routes et isolé des villages entiers.

En août 2022, une forte tempête orageuse avait balayé plusieurs provinces du Moyen Atlas, dont celles d’Ifrane et de Khénifra. Des crues soudaines avaient emporté des véhicules et détruit des infrastructures rurales, rendant difficile l’accès à certaines zones enclavées. L’hiver 2023-2024, quant à lui, a été marqué par de fortes chutes de neige dans les provinces d’Al Haouz, Azilal et Midelt. Ces épisodes neigeux, bien que bénéfiques pour les réserves hydriques, ont aussi mis en lumière la vulnérabilité des zones de montagne, souvent mal desservies et peu préparées à gérer les urgences climatiques.

Des impacts multiples : agriculture, infrastructures, sécurité

Les conséquences de ces événements extrêmes sont nombreuses. L’agriculture, pilier de l’économie marocaine, est souvent la première victime. Les fortes pluies soudaines peuvent raviner les sols, détruire les cultures et endommager les systèmes d’irrigation. À l’inverse, leur caractère localisé signifie aussi que certaines régions restent dans un stress hydrique chronique, comme c’est le cas dans plusieurs provinces du sud et de l’Oriental. Les infrastructures rurales sont également très vulnérables. Routes, ponts, écoles, hôpitaux de campagne, souvent construits sans prendre en compte les risques climatiques, peuvent être fortement endommagés, voire détruits.

La difficulté d’accès à certaines zones montagneuses rend parfois les interventions d’urgence particulièrement délicates, comme cela a été constaté après le séisme d’Al Haouz en septembre 2023, où les intempéries hivernales ont retardé l’acheminement de l’aide. Enfin, il ne faut pas sous-estimer les risques humains. Chaque année, des vies sont perdues lors de crues éclairs, d’effondrements de maisons ou de glissements de terrain. L’alerte météorologique lancée pour ce vendredi 19 septembre 2025 est donc à prendre très au sérieux, notamment pour les habitants de zones rurales ou de montagne.

Une météo de plus en plus imprévisible

Le Maroc, comme l’ensemble du Maghreb, est particulièrement exposé aux effets du changement climatique : augmentation des températures, raréfaction des ressources en eau, montée du niveau de la mer sur les côtes, mais aussi accentuation des phénomènes extrêmes comme les averses orageuses intenses. Cette imprévisibilité croissante oblige les autorités à revoir leurs dispositifs d’alerte et de prévention. La DGM a renforcé ces dernières années son réseau de stations météorologiques et de radars pour améliorer la précision et la réactivité de ses prévisions.

L’objectif est d’éviter que des événements comme ceux de 2014 se reproduisent sans anticipation suffisante. Pour faire face à cette nouvelle réalité climatique, le Maroc est appelé à développer une culture du risque au sein de la population. Cela passe par l’éducation, mais aussi par la mise en place de plans d’évacuation dans les zones à risque, la formation des collectivités locales et la modernisation des infrastructures. Des efforts sont déjà visibles, comme dans certaines communes d’Ifrane ou de Midelt, qui ont commencé à cartographier les zones inondables ou à construire des bassins de rétention pour limiter l’impact des crues.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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