
Six femmes issues de milieux professionnels variés accusent un homme de 39 ans d’avoir mené une série de relations abusives mêlant emprise psychologique, violences physiques et détournement d’argent. Une enquête est en cours et un appel à témoins a été lancé.
Dans les cercles nocturnes de la capitale française, il se faisait remarquer. Toujours bien habillé, attentif, charismatique, Morad R. semblait incarner l’homme attentionné que beaucoup espéraient rencontrer. Mais derrière le vernis, certaines affirment avoir découvert un homme double. Six anciennes compagnes de cet individu dénoncent aujourd’hui des faits graves : manipulation émotionnelle, dépendance financière, agressions physiques, harcèlement, et même destruction de biens. Pour quatre d’entre elles, ces accusations ont donné lieu à des plaintes officielles. Le parquet de Paris, ainsi que les tribunaux de Bobigny et Bayonne, sont désormais saisis.
Vols, escroqueries et violences : les faits dénoncés
Selon les témoignages recueillis, le scénario se répète. Il entre dans la vie de ses victimes en se montrant attentionné, généreux, et prompt à faire des promesses. Les relations évoluent rapidement, et très vite, il emménage chez sa partenaire. Peu à peu, le charme laisse place à un climat de tension, de domination, et parfois, de brutalité. Les femmes décrivent un contrôle permanent, des justifications opaques à ses absences, et une gestion très sélective de son image sur les réseaux sociaux. « Il donnait à chacune une illusion de relation exclusive, mais en réalité, il menait plusieurs vies en parallèle », explique l’une des plaignantes.
Les sommes évoquées par les victimes varient, mais les méthodes semblent identiques. Une carte bancaire bloquée, des promesses d’investissement, des dettes à rembourser : autant de prétextes pour obtenir de l’argent. Certaines femmes parlent de prêts jamais remboursés, de chèques détournés, voire de vols directs. Mais ce qui choque le plus, ce sont les violences. Plusieurs femmes évoquent des épisodes de rage incontrôlée, d’agressions physiques graves, et même de menaces de mort. Une victime rapporte avoir été frappée et étranglée à plusieurs reprises durant un voyage à l’étranger. Une autre parle d’un téléviseur lancé par la fenêtre depuis un étage élevé.
Une affaire aux multiples rebondissements judiciaires
L’homme visé par ces accusations n’en serait pas à son premier passage devant la justice. Il a déjà été condamné à neuf reprises, dont une fois en 2022, pour des faits similaires. Sa situation judiciaire actuelle est floue : certains plaignants le décrivent comme insaisissable, changeant fréquemment d’adresse et utilisant différents numéros et profils sur les réseaux. Des avocats spécialisés en droit des victimes estiment que la récurrence des faits et la similarité des témoignages pourraient caractériser une action de prédateur. Me Vanessa Zencker, avocate de l’une des plaignantes, appelle à une « évaluation de la dangerosité » de cet homme, qu’elle qualifie de récidiviste.
Au-delà des pertes matérielles, les séquelles psychologiques sont lourdes. Plusieurs femmes ont été diagnostiquées comme souffrant de troubles post-traumatiques sévères. Peur constante, insomnies, anxiété chronique : ces anciennes compagnes confient vivre encore dans la crainte d’une réapparition. Certaines disent avoir reçu des insultes de manière détournée, comme par virement bancaire, ou vu leur domicile vandalisé. L’une d’elles a retrouvé une menace gravée à même sa porte d’entrée.
Les victimes lancent un appel à témoins
Aujourd’hui, ces six femmes ont choisi de sortir du silence pour éviter que d’autres ne subissent le même sort. Un appel à témoins a été lancé, afin de permettre à d’éventuelles victimes supplémentaires de se manifester. Il s’agit également de recueillir des éléments nouveaux qui pourraient faire avancer les différentes procédures en cours. Les personnes concernées sont invitées à contacter les forces de l’ordre ou les représentants légaux des plaignantes.
Ce dossier soulève de nombreuses questions sur les mécanismes d’emprise dans les relations amoureuses et sur la difficulté, pour les victimes, d’obtenir une reconnaissance judiciaire rapide. L’affaire sera examinée en janvier 2026, à Bobigny. Les avocats espèrent que cette audience permettra de juger non seulement des faits individuels, mais aussi du comportement global de l’accusé, afin d’éviter que d’autres femmes ne tombent dans le même piège.