
À la tribune de l’ONU, plusieurs chefs d’État africains ont réclamé une réforme du Conseil de sécurité, une gouvernance mondiale plus équitable et une reconnaissance accrue de la Palestine. Un plaidoyer commun pour affirmer le poids géopolitique du continent.
À New York, où se tient la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, les chefs d’État africains ont réaffirmé leur volonté de voir l’ONU évoluer pour refléter davantage le poids géopolitique du continent. Ils demandent une réforme profonde du Conseil de sécurité, un soutien accru au développement durable et une reconnaissance plus ferme de la Palestine.
Une réforme devenue urgente
Depuis plusieurs années, l’Afrique réclame une représentation permanente au Conseil de sécurité, estimant que la structure actuelle est obsolète et injuste. Alors que le continent fournit une part importante des troupes de maintien de la paix et contribue activement au développement mondial, il demeure marginalisé dans les prises de décision stratégiques.
« Ces cinq membres permanents prennent des décisions au nom de plus de 85 % de la population mondiale vivant dans les pays du Sud », a dénoncé Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud, en référence au droit de veto détenu par les États-Unis, la Chine, la Russie, la France et le Royaume-Uni. Pour lui, ce déséquilibre érode la légitimité de l’ONU et paralyse son action collective.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a, de son côté, plaidé pour une gouvernance mondiale plus juste et inclusive, intégrant notamment un cadre fiscal mondial équitable et un accès au crédit soutenable pour financer le développement durable.
Des voix multiples, une revendication commune
À la tribune, plusieurs chefs d’État ont souligné l’importance de réformer l’ONU pour qu’elle demeure utile et crédible. « Les Nations unies sont indispensables, mais à condition qu’elles sachent évoluer et se rapprocher des peuples », a lancé Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo.
Faustin-Archange Touadéra, président de la Centrafrique, a quant à lui rappelé que « plus de 40 % des conflits armés dans le monde se déroulent en Afrique », appelant à un financement structurel et pérenne des opérations de paix sur le continent.
Solidarité avec la Palestine et enjeux régionaux
Au-delà de la réforme institutionnelle, la question palestinienne a occupé une place importante dans les interventions africaines. Cyril Ramaphosa a dénoncé les violences en cours à Gaza et plaidé pour l’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU. Plusieurs dirigeants ont souligné le parallèle entre la lutte des Palestiniens et l’histoire coloniale de l’Afrique.
D’autres préoccupations plus nationales ont également été évoquées, comme la transition énergétique à Madagascar, les enjeux de stabilité au Sahel ou encore le contentieux autour de Mayotte, soulevé par le président comorien Azali Assoumani.
Alors que l’organisation célèbre ses 80 ans, les dirigeants africains rappellent qu’elle ne peut ignorer le poids croissant du continent ni continuer à fonctionner selon un schéma hérité de la Seconde Guerre mondiale. Leur message est clair : sans réforme profonde, l’ONU risque de perdre encore davantage en légitimité face aux crises mondiales et aux aspirations des peuples du Sud.