Maurice : l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga placé en état d’arrestation


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Mamy Ravatomanga
Mamy Ravatomanga

L’affaire Mamy Ravatomanga secoue l’île Maurice et Madagascar. Proche de l’ancien Président malgache Andry Rajoelina, le puissant homme d’affaires a été officiellement informé par la Financial Crimes Commission (FCC) qu’il est désormais placé en état d’arrestation pour détournement de fonds et blanchiment d’argent. Hospitalisé depuis une semaine dans une clinique privée de l’île, il se trouve sous étroite surveillance policière, tandis que son épouse et son chauffeur ont été longuement entendus par les enquêteurs.

Une arrivée controversée à Maurice

Tout commence le 11 octobre dernier, lorsque Mamy Ravatomanga atterrit à Maurice à bord d’un jet privé, dans des circonstances qualifiées de « troublantes » par plusieurs sources proches du dossier. L’avion aurait obtenu son autorisation d’atterrir tardivement, suscitant de vives interrogations sur les conditions de son arrivée et sur la conformité de ses documents d’immigration.

Peu après, la FCC mauricienne, organe chargé de lutter contre le blanchiment et la fraude financière, ouvre une enquête. Les autorités veulent comprendre l’origine des fonds qui auraient transité par Maurice et déterminer si des opérations suspectes ont été effectuées via des comptes bancaires locaux. L’homme d’affaires est rapidement placé sous surveillance, son passeport signalé aux services d’immigration, et une notification interdit désormais tout départ du territoire sans l’accord préalable de la Commission.

Gel des avoirs et ouverture d’une enquête internationale

Le 15 octobre, la FCC obtient de la Cour suprême mauricienne une « Criminal Attachment Order », une mesure exceptionnelle permettant de geler les avoirs de Mamy Ravatomanga et de son épouse dans plusieurs banques de l’île. Les montants concernés seraient considérables, atteignant plusieurs centaines de millions de dollars, selon des sources proches du dossier. À Madagascar, les répercussions sont immédiates. Le gouvernement de transition dirigé par le colonel Michaël Randrianirina sollicite officiellement la coopération de Maurice.

La magistrate Fanirisoa Ernaivo est mandatée pour représenter l’État malgache auprès de la FCC et de la Financial Intelligence Unit (FIU). Objectif : récupérer des informations bancaires, sécuriser les avoirs et obtenir l’extradition de l’homme d’affaires s’il devait être formellement inculpé. Le Pôle anti-corruption (PAC) d’Antananarivo a par ailleurs émis un mandat d’arrêt international visant Mamy Ravatomanga pour blanchiment de capitaux et financement du terrorisme. La coopération judiciaire entre les deux pays s’annonce complexe, Maurice exigeant des preuves tangibles avant toute mesure d’extradition.

Une arrestation sous surveillance médicale

Malgré l’annonce officielle de son placement en état d’arrestation, Mamy Ravatomanga n’a pas été conduit en cellule. L’homme d’affaires de 55 ans reste hospitalisé dans une clinique privée de Phoenix, à Maurice, où il bénéficie de soins médicaux sous la surveillance d’agents de la FCC. Plusieurs de ses avocats se relaient à son chevet, tandis que son entourage évoque un état de santé fragile.

Son épouse, Ramy Nivo Haingonirina Rakotoniary, a été entendue par les enquêteurs le vendredi 24 octobre au matin. Le chauffeur du couple a, lui aussi, été interrogé dans l’après-midi. Ces auditions visent à retracer le parcours du couple depuis son arrivée sur le territoire mauricien et à éclaircir la provenance des fonds soupçonnés d’avoir été transférés depuis Madagascar.

Un homme d’affaires influent et controversé

Mamy Ravatomanga n’est pas un inconnu dans la région. À la tête du groupe SODIAT, un conglomérat actif dans les médias, la construction, les transports et l’hôtellerie, il figure parmi les personnalités les plus puissantes de Madagascar. Sa proximité avec l’ex-président Andry Rajoelina lui a valu une influence considérable, mais également de nombreuses critiques liées à des soupçons de favoritisme et d’enrichissement illicite.

Son départ précipité de Madagascar et son arrivée à Maurice ont alimenté les rumeurs d’une fuite organisée. Certains médias locaux avancent que des fonds publics malgaches auraient pu être détournés au profit de sociétés écrans basées à Maurice et dans d’autres juridictions offshore. La FCC, de son côté, reste prudente, mais affirme disposer d’éléments suffisants pour justifier le gel des avoirs du couple Ravatomanga.

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