
Face à l’escalade de la violence armée et à la multiplication des enlèvements qui frappent de nouveau le Nigeria, le Président Bola Ahmed Tinubu a décrété, mercredi 26 novembre 2025, « l’état d’urgence sécuritaire national ». Cette décision s’accompagne d’une série de mesures radicales visant à réorganiser les forces de sécurité et à rétablir l’autorité de l’État dans les régions les plus touchées.
Confronté à une violence endémique, le Nigeria engage une réforme sans précédent de ses forces de sécurité, sous l’impulsion d’un Président déterminé à reprendre le contrôle du territoire.
Un pays secoué par une recrudescence d’attaques et d’enlèvements
Depuis plusieurs semaines, les signaux alarmants se multiplient. Rien que sur les dix derniers jours, plus de 350 personnes ont été enlevées dans différents États de la fédération, selon les autorités. Les attaques de groupes armés (bandits, milices locales, factions terroristes) continuent de déstabiliser plusieurs régions, en particulier dans le nord-ouest, le centre et le nord-est du pays.
L’annonce faite par Bola Ahmed Tinubu traduit l’inquiétude croissante du gouvernement face à une crise sécuritaire structurelle qui persiste malgré les efforts entrepris depuis plusieurs années.
Une refonte complète des forces de l’ordre
Parallèlement à l’état d’urgence, le chef de l’État a ordonné une réorganisation profonde des forces de sécurité. L’armée et la police sont sommées de procéder au recrutement immédiat de 20 000 agents supplémentaires, venant s’ajouter aux 30 000 déjà approuvés plus tôt cette année. Objectif : renforcer les effectifs sur le terrain et améliorer la capacité de réponse dans les zones les plus vulnérables.
Tinubu a également pris une décision symboliquement forte : la fin du service d’escorte pour les personnalités publiques, les hommes politiques et les célébrités. Jusqu’ici, une part considérable de la police servait de garde rapprochée à des acteurs politiques ou économiques. L’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA) estimait récemment que plus de 100 000 policiers sur 371 000 étaient affectés à ce type de missions, au détriment de la sécurité générale. Ces agents seront désormais redéployés dans les zones à risque, après une formation ciblée.
Les forêts au cœur de la bataille sécuritaire
Dans un pays où de nombreux groupes armés utilisent les zones forestières comme sanctuaires, Bola Ahmed Tinubu a annoncé le déploiement immédiat de tous les gardes forestiers formés. Ils sont placés sous l’autorité du Département de la Sécurité d’État (DSS). « Les gardes forestiers doivent débusquer les terroristes et les bandits qui se cachent dans nos forêts », a déclaré le Président, réaffirmant que la traque des groupes armés constitue une priorité nationale.
Ahmed Tinubu a également apporté son soutien aux États fédérés qui souhaitent créer leurs propres unités de sécurité locales, destinées à épauler la police fédérale dans les opérations de terrain.
Réguler les conflits liés au pastoralisme : la fin du pâturage libre
Autre mesure d’importance : le Président nigérian exige la fin immédiate du pâturage libre, une pratique régulièrement à l’origine de violents conflits entre éleveurs et agriculteurs dans plusieurs régions du pays. Ahmed Tinubu s’engage à imposer progressivement l’élevage en ranch, considéré comme un moyen de réduire les affrontements meurtriers et de contrôler les déplacements des éleveurs armés.
Parallèlement, le gouvernement annonce un désarmement d’urgence des détenteurs d’armes illégales, particulièrement dans les zones rurales où prolifèrent les groupes criminels.
Une stratégie de rupture face à une crise chronique
Avec cette série de mesures, Bola Ahmed Tinubu joue une carte majeure. Son plan sécuritaire vise à :
- remettre des effectifs sur le terrain,
- réduire la corruption interne et les privilèges des élites,
- renforcer le contrôle territorial,
- endiguer les violences agro-pastorales,
- restaurer la confiance entre populations et forces de l’ordre.
Les regards sont dorénavant tournés vers le Nigeria pour voir si cette stratégie d’urgence portera des fruits et permettra enfin de freiner une crise sécuritaire qui mine le pays depuis plusieurs années. Les prochains mois seront décisifs pour juger de l’impact réel de ces réformes sur la stabilité nationale.




