Affaire Mamy Ravatomanga : un mandat d’arrêt international et une notice rouge d’Interpol secouent Madagascar


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Mamy Ravatomanga
Mamy Ravatomanga

L’affaire Mamy Ravatomanga prend une tournure explosive, mêlant affaires, politique et justice internationale. Le magnat malgache, déjà sous le coup d’accusations de blanchiment et impliqué dans le scandale des Boeing 777, se retrouve désormais visé par une procédure d’envergure dépassant les frontières de Madagascar. Entre gel d’avoirs, enquête financière à Maurice et menaces d’extradition, le dossier fait ressortir les zones d’ombre d’un empire économique tentaculaire.

L’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga se retrouve au cœur d’un vaste dossier judiciaire aux ramifications internationales. Selon un courrier daté du 20 octobre 2025, dont l’authenticité n’a pas été démentie par les autorités de Madagascar, une demande d’émission de notice rouge a été transmise à Interpol. Cette alerte vise à faciliter la localisation et l’arrestation du milliardaire en vue d’une éventuelle extradition. L’information, confirmée par plusieurs sources proches du dossier, s’appuie sur un mandat d’arrêt international émis le 16 octobre 2025 pour « blanchiment de capitaux ».

Un scandale aérien aux multiples ramifications

Cette nouvelle étape judiciaire s’inscrit dans le cadre du retentissant scandale des « cinq Boeing 777 ». Ces avions gros porteurs auraient été transférés à une compagnie iranienne, Mahan Air, soumise à des sanctions américaines, grâce à des certificats d’immatriculation provisoires délivrés à Madagascar. L’affaire a suscité un tollé dans la communauté internationale, car elle mêle des enjeux économiques, politiques et géopolitiques d’envergure.

Au cœur de cette affaire, un témoin clé aurait cité Mamy Ravatomanga parmi les « personnes associées dans le projet d’envoyer ces avions en Iran ». L’homme d’affaires est décrit comme étant « derrière le ministre des Transports » Valéry Ramonjavelo, limogé en juillet 2025 après les premières révélations. Selon l’enquête, l’ancien ministre aurait perçu un million d’euros à Dubaï en lien avec ce dossier. Ces éléments ont renforcé les soupçons autour du rôle présumé de Ravatomanga dans la mise en place du montage financier et administratif ayant permis le transfert de ces appareils.

Trois volets d’enquête dans trois pays

À Madagascar, la justice a émis le mandat d’arrêt international pour blanchiment de capitaux qui fonde la demande de notice rouge. Ce mandat marque une intensification des procédures contre l’homme d’affaires. À l’île Maurice, où Mamy Ravatomanga réside actuellement, la Financial Crimes Commission (FCC) a décidé de geler ses avoirs ainsi que ceux de plusieurs membres de sa famille. Les montants concernés atteindraient plusieurs centaines de millions de dollars, selon la presse mauricienne. La FCC a également émis une interdiction de sortie du territoire à son encontre, afin d’éviter toute fuite éventuelle.

Enfin, sur le plan aérien, les autorités mauriciennes examinent les conditions d’arrivée d’un jet privé lié à Ravatomanga, suspecté d’avoir été utilisé pour des déplacements non déclarés. Ce volet illustre la complexité du dossier et la difficulté à distinguer les activités économiques légales des flux financiers controversés. L’affaire Ravatomanga met en exergue la porosité entre affaires politiques et intérêts économiques dans un pays où le magnat est souvent décrit comme un acteur influent de la sphère du pouvoir.

Un dossier emblématique de la gouvernance à Madagascar

Pendant plusieurs années, son nom a été associé à de nombreux secteurs stratégiques, allant du BTP à la presse, en passant par l’exportation de bois précieux. Son image de proche du pouvoir et son rôle supposé dans certains dossiers sensibles en font aujourd’hui une figure symbolique de l’ère Rajoelina. Pour de nombreux observateurs, la procédure actuelle marque un tournant dans la lutte contre la corruption et la recherche de transparence à Madagascar.

Malgré la demande de notice rouge, la procédure reste à confirmer par Interpol. À Maurice, le procureur général a rappelé que le mandat d’arrêt émis à Madagascar n’a pas de valeur juridique directe sur le territoire mauricien. Toute extradition nécessitera une demande formelle et un examen complet du dossier par les autorités locales. La coopération judiciaire entre Antananarivo et Port-Louis s’annonce très peu fluide. Les magistrats sont attendus pour établir l’origine exacte des fonds, la nature des transactions et la responsabilité réelle du milliardaire dans le scandale aérien. La dimension internationale du dossier, mêlant Iran, Maurice et Madagascar, confère à cette affaire un caractère inédit dans la région de l’océan Indien.

Un séisme politique et économique en perspective

Si la notice rouge est validée et que Mamy Ravatomanga venait à être arrêté, les conséquences pourraient être considérables. À Madagascar, de nombreux secteurs économiques risquent d’être déstabilisés, notamment ceux dans lesquels le groupe de l’homme d’affaires occupe une position dominante. Politiquement, ce dossier pourrait également fragiliser d’anciens réseaux d’influence et rebattre les cartes du pouvoir. Pour l’opinion publique, longtemps sceptique face à l’impunité des élites, cette affaire incarne un possible tournant. Elle prouve une volonté de rendre des comptes.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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