Mali : le JNIM frappe de nouveau, 15 camions-citernes incendiés près de Bougouni


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Un camion citerne
Un camion citerne

Après une quinzaine de jours d’accalmie, les attaques jihadistes contre les livraisons de carburant ont repris dans le sud du Mali. Samedi 6 décembre, un convoi de camions-citernes escorté par l’armée a été pris pour cible à proximité de Bougouni. Au moins 15 véhicules ont été incendiés.

La situation semblait s’améliorer depuis plusieurs jours dans les stations-service de Bamako, où les files d’attente s’étaient considérablement réduites à la faveur d’une baisse des attaques contre les convois acheminant du carburant. Mais cette parenthèse a brutalement pris fin. Samedi, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda, a revendiqué une nouvelle embuscade visant un convoi reliant le sud du pays à la capitale.

Une attaque meurtrière au cœur du corridor logistique

Le convoi ciblé transportait du carburant vital pour l’approvisionnement de Bamako. Escortés par l’armée malienne, les camions-citernes ont été pris d’assaut près de Bougouni, à environ 160 kilomètres au sud de la capitale.

Selon des témoins joints par RFI, une partie des véhicules a réussi à regagner Bamako, mais au moins 15 poids lourds ont été incendiés. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent une épaisse colonne de fumée noire s’élevant au-dessus du site de l’attaque, confirmée par des témoins. Aucune information officielle n’a pour l’instant été communiquée sur d’éventuelles victimes parmi les chauffeurs ou les soldats escortant le convoi.

Un retour des hostilités après une trêve informelle ?

Cette attaque s’opère après environ quinze jours de répit, durant lesquels les assauts terroristes contre les convois avaient cessé. Une pause qui avait permis une amélioration sensible de la disponibilité de l’essence dans la capitale, où les populations avaient accueilli ce répit avec prudence mais soulagement.

Faut-il désormais craindre une reprise des hostilités ? La question mérite sans doute d’être posée surtout que plusieurs sources régionales avaient indiqué que des contacts auraient eu lieu ces dernières semaines entre des émissaires du groupe terroriste et des représentants du gouvernement malien, débouchant sur une cessation temporaire des hostilités en échange de concessions encore non identifiées. Bamako ne s’est toutefois pas prononcé sur l’existence d’un tel arrangement.

Un défi sécuritaire majeur pour l’État malien

La multiplication des attaques contre les convois de carburant pose un défi logistique et sécuritaire aigu. Le corridor reliant le sud du pays à Bamako demeure essentiel pour l’approvisionnement de la capitale en carburant et en biens de première nécessité. Chaque nouvelle attaque fragilise davantage une économie déjà sous pression, et illustre la capacité persistante du JNIM à frapper des infrastructures vitales, malgré les opérations militaires en cours.

Le gouvernement malien, engagé dans une politique de souveraineté sécuritaire depuis le départ des forces internationales, se retrouve confronté à des assauts des groupes armés dans le sud du pays, une zone longtemps perçue comme relativement épargnée. Pour les populations, le spectre d’une nouvelle pénurie de carburant ressurgit, avec son lot de conséquences sur les transports, les prix des denrées et l’activité économique d’une façon générale.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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