Mali : une influenceuse exécutée par le JNIM, l’effroi sur les réseaux sociaux


Lecture 3 min.
TikTok
TikTok (logo)

Les réseaux sociaux maliens sont sous le choc depuis l’annonce de l’exécution d’une jeune créatrice de contenu par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique.

La victime, dont l’identité précise reste protégée par respect pour sa famille, était suivie par plusieurs milliers d’abonnés sur TikTok et Instagram. Âgée d’une vingtaine d’années, elle partageait régulièrement des contenus lifestyle, des tutoriels de mode et des chroniques sur la vie quotidienne à Bamako. Son dernier post, publié il y a deux semaines, montrait une séance photo dans un café branché de la capitale.

Selon des sources sécuritaires, la jeune femme aurait été enlevée alors qu’elle se rendait à un événement commercial dans la région de Mopti. Le JNIM aurait revendiqué son exécution dans un communiqué audio diffusé sur ses canaux habituels, l’accusant de « propager la débauche occidentale » et de « corrompre la jeunesse musulmane« .

Les influenceurs, nouvelles cibles des groupes armés

Cette exécution marque une escalade inquiétante dans la stratégie des groupes jihadistes au Mali. Jusqu’à présent, leurs cibles principales étaient les forces armées, les représentants de l’État et les collaborateurs présumés des forces étrangères. L’attaque contre une influenceuse révèle une volonté de contrôler l’espace numérique et les nouvelles formes de communication sociale.

« C’est un message terrifiant envoyé à toute la jeunesse malienne active sur les réseaux sociaux« , analyse un expert en sécurité basé à Bamako qui requiert l’anonymat. « Le JNIM cherche à imposer sa vision rigoriste de la société en s’attaquant aux symboles de modernité et d’ouverture. »

Sur X, TikTok et Facebook, les hashtags de solidarité se multiplient. De nombreux influenceurs maliens et ouest-africains ont exprimé leur indignation et leur peur. Certains ont annoncé suspendre temporairement leurs activités.

« Nous sommes devenus des cibles simplement pour avoir voulu divertir, éduquer ou inspirer notre communauté« , témoigne un créateur de contenu de Bamako joint par messagerie cryptée. « Cette tragédie nous rappelle brutalement la fragilité de notre liberté d’expression. »

Les autorités de transition sous pression

Le gouvernement de transition n’a pas encore réagi officiellement à cette exécution. Cette absence de communication alimente les critiques sur la capacité des autorités à protéger les civils face à l’expansion des groupes armés. Malgré les opérations militaires menées avec le soutien de partenaires internationaux, le JNIM et d’autres groupes continuent d’étendre leur influence, particulièrement dans le centre et le nord du pays.

Pour les jeunes Maliens, les réseaux sociaux représentaient un espace de respiration, d’opportunités économiques et d’expression personnelle. Cette attaque vise directement ces aspirations.

Idriss K. Sow Illustration d'après photo
Journaliste-essayiste mauritano-guinéen, il parcourt depuis une décennie les capitales et les villages d’Afrique pour chroniquer, en français, les réalités politiques, culturelles et sociales de l'Afrique
Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News